Jungle de Calais : l’appel des 800

Par LIBERATION —  (mis à jour à )

Cinéastes, écrivains, philosophes, chercheurs, intellectuels… Tous se mobilisent pour alerter l’opinion publique sur le sort réservé aux migrants et réfugiés de la jungle de Calais. Ils lancent l’appel de Calais dont voici les 800 premiers signataires.

L’appel de Calais

Depuis des semaines, de nombreuses associations sur le terrain cherchent à alerter l’opinion publique des épouvantables conditions de vie réservées aux migrants et aux réfugiés de la jungle de Calais.

Cinq à six mille femmes, hommes et enfants, épuisés par un terrible voyage, laissés à eux-mêmes dans des bidonvilles, avec un maigre repas par jour, un accès quasi impossible à une douche ou à des toilettes,une épidémie de gale dévastatrice, des blessures douloureuses, des abcès dentaires non soignés. Et les viols des femmes. Les enfants laissés à eux-mêmes dans les détritus. Les violences policières presque routinières.Les ratonnades organisées par des militants d’extrême droite.

Jusqu’à quand allons-nous nous taire ? Continuer la lecture

La grande menace du froid sur les réfugiés de Calais

NOTRE SOCIÉTÉAu camp de Calais qui grossit chaque jour, les associations s’inquiètent du refroidissement depuis le début de la semaine. La situation sanitaire est très mauvaise à l’approche de l’hiver.

Le chiffre donne le vertige. Dans la « jungle » de Calais, selon la terrible expression consacrée, on est passé de 2000migrants début juin à un chiffre oscillant aujourd’hui entre 4000 à 6000. Et avec l’hiver qui arrive, la catastrophe sanitaire menace à en croire les organisations qui s’occupent chaque jour avec grande difficultés des centaines de familles qui èrent dans cette zone.

Depuis le début de la semaine, les températures nocturnes sont tombées à pas plus de 5 degrés. « Je n’ai rien pour l’isoler, donc j’enfilerai un pull supplémentaire distribué par les associations », confie Abdulilah, la cinquantaine, à propos de son enfant. Cet Afghan construit sa cabane depuis quelques jours.

A l’approche de l’hiver, les associations présentes dans le bidonville situé près de la rocade portuaire, plus surpeuplé que jamais, s’inquiètent des conditions de vie de plus en plus précaires. « On patauge dans la boue. Il y a des endroits où l’eau stagne et c’est très difficile, y compris sur les points d’eau très mal aménagés. On est dans le vent, la pluie et le froid, c’est encore pire que dans les jungles précédentes », estime François Guennoc, de l’Auberge des migrants.

125 containers pour des milliers de personnes

Dans les allées sinueuses de ce taudis aux airs de township sud-africain, on tente de solidifier les abris de bric et de broc censés protéger des aléas du temps. « On est au bord de la rupture. Il y a des insuffisances sur la protection aux personnes et sur les délais pour traiter les demandes d’asile. C’est inacceptable qu’un Etat, sixième puissance mondiale, cautionne cela », dénonce Jean-François Corty, responsable des missions France chez Médecins du Monde.  Continuer la lecture

Des soignants dénoncent les conditions de vie dans le bidonville de Calais

http://www.bfmtv.com/societe/des-soignants-denoncent-les-conditions-de-vie-dans-le-bidonville-de-calais-921140.html

Épidémies, faim, hygiène… Des bénévoles de Médecin du Monde racontent les conditions de vie des migrants au bidonville de Calais. Et réclament des moyens supplémentaires à l’État.

La maladie est leur métier, mais ce qu’ils ont vu à Calais a dépassé leurs craintes. Dans une longue tribune publiée sur son blog, Mady Denantes, infirmière à Paris, raconte son été passé à l’appel de Médecins du monde avec deux autres soignants et un auteur, dans le bidonville de Calais.

Le récit est glaçant. Tous les quatre décrivent le lieu, où sont « installées » plus de 3.000 personnes. Une centaine d’entre elles, uniquement des femmes et des enfants, sont logés dans le centre Jules Ferry, un centre de loisirs réquisitionnés. Les autres dorment dehors, dans des cabanes et des tentes fournies par les ONG. Continuer la lecture

Emmaüs déplore « l’inertie du gouvernement » à Calais, rompt le dialogue

Le mouvement Emmaüs a décidé vendredi de « rompre tout dialogue avec le gouvernement » sur la question de l’accueil des migrants à Calais, dénonçant « l’inertie malsaine du gouvernement », a-t-il annoncé à l’issue d’une réunion avec le ministre de l’Intérieur.

« Révolté par l’inertie malsaine du gouvernement et par l’incapacité de son ministre de l’Intérieur à apporter enfin des réponses adaptées à l’ampleur de la catastrophe humaine à Calais, j’ai décidé (…) de rompre tout dialogue avec le gouvernement », a annoncé Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France dans un communiqué.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a reçu vendredi place Beauvau les associations qui se chargent de l’accueil des migrants à Calais, telles que la Cimade, Médecins du Monde, le Secours catholique, Emmaüs ou La Vie active.

Pour Thierry Kuhn, « une catastrophe à grande échelle s’annonce à Calais dans les jours qui viennent à l’approche de l’hiver ».

« Sciemment, délibérément, par aveuglement ou perfidie, le gouvernement se refuse à prendre des décisions qui seules seront de nature à apporter dignité et respect des droits fondamentaux aux 3.000 personnes actuellement bloquées à Calais dans des conditions insupportables et honteuses pour notre République », affirme-t-il. Continuer la lecture

Migrants : quand les internautes financent une opération de sauvetage

Lancée ce week-end par l’association SOS Méditerranée, cette campagne de financement participatif a permis de récolter près de 90.000 euros en cinq jours.

Si de nombreuses associations se mobilisent pour l’accueil des réfugiés, d’autres s’y attellent dès leur traversée de la Méditerranée. Une campagne de crowdfunding a été lancée ce week-end pour financer une opération de sauvetage en mer des migrants et affréter un navire entre les côtes italiennes et libyennes.

L’objectif initial est de collecter 100.000 euros. Avec cet argent, SOS Méditerranée espère «louer durant un mois un bateau de 60 mètres pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes». Dans l’idéal, l’association souhaite obtenir 1,2 million d’euros afin d’acheter son propre bateau et ainsi multiplier dans le temps les interventions, quelles que soient les conditions météorologiques, explique Sophie Beau, à l’origine du projet. «Contrairement à la Croix Rouge, on ne pourra pas avoir des milliers de bénévoles en mer. Il nous faut donc un équipage professionnel qui puisse agir 24h/24.» Les opérations seront menées conjointement avec l’association Médecins du monde qui médicalisera le navire. Continuer la lecture

Survivre dans la « Jungle » de Calais

L’encyclopédie en ligne Wikipédia dresse une répartition des Jungles à travers le monde: « Les jungles sont situées le long de l’équateur. La plus grande jungle se trouve en Amérique du Sud. Il y a également des jungles en Afrique et en Asie du Sud-Est (notamment en Malaisie et en Indonésie, mais également aux Philippines, au Cambodge, au Laos et au Viêt Nam) ».

Mais, qu’en est-il de celle de Calais? Vous savez bien, cette petite ville Française de quelque 75.000 habitants, à l’accent pour le moins sympathique, située en région Nord-Pas-de-Calais?

Aujourd’hui, en 2015, à Calais, la « Jungle » est une vaste zone de non-droit où s’entassent environ 3000 personnes en migration, hommes, femmes et enfants, dans le dénuement le plus total.

Vous entendrez par « dénuement » des conditions de vie déplorables, dégradantes, inhumaines…les adjectifs même viennent à me manquer!

Je tâcherai donc, de manière succincte, de vous dresser une liste (non-exhaustive) des principaux points, entendons par là des besoins non moins vitaux, susceptibles d’être améliorés:

  • Accès à la nourriture:

Un seul repas par jour distribué entre 17 et 19 heures, au centre Jules Ferry, un centre d’accueil de jour pour les personnes en migration située à proximité de la Jungle!

Une file d’attente (interminable) commence à se former à partir de 15 heures.

  • Accès à l’eau potable:

Quelques points d’eau répartis de façon éparse, ici et là, à travers la Jungle.

Un peu moins d’une trentaine de robinets pour une population, toujours en augmentation, estimée aujourd’hui à environ 3000 personnes!

  • Accès à un logement décent:

Les nouveaux arrivants, les plus démunis, dorment en plein air, à même le sol.

Ceux qui sont un peu plus chanceux ont réussi à se procurer une tente et s’y entassent à plusieurs. Comble du luxe, certains disposent d’un abri, faits de bouts de bois et de bâches! Il est important de rappeler le rôle déterminant des bénévoles de l’associationSecours Catholique, qui n’ont pas ménagé leurs efforts, ces dernières semaines, pour permettre à ces personnes en migration de mettre un toit au-dessus de leurs têtes.

Accès aux soins de santé: 
Un infirmier est présent, 2 heures par jour, 5 jours par semaine, au centre Jules Ferry. Pour les consultations médicales ou la délivrance de médicaments, les personnes en migration doivent alors se rendre à la Permanence d’Accès aux Soins de Santé (PASS) située à proximité de l’Hôpital de Calais, soit une longue et éprouvante marche de plus d’une heure. Depuis peu, l’association Médecins du Monde a implanté une clinique mobile au sein de la Jungle, permettant ainsi un accès plus aisé aux soins pour toutes ces personnes. Le fonctionnement de la clinique repose sur l’action conjointe de salariés de l’association mais également de médecins, infirmiers et médiateurs sanitaires bénévoles. Toutefois, le nombre de consultations proposées demeure insuffisant au vu des demandes de soins toujours plus nombreuses.

Le rôle de la PASS n’en demeure pas moins prépondérant. Continuer la lecture