Hépatites : « une urgence sanitaire mondiale »

« Avec près de 1,4 million de morts par an et 328 millions de personnes infectées, les hépatites B et C dépassent aujourd’hui les trois grandes endémies – VIH, tuberculose et paludisme – tant en nombre de décès que de personnes affectées » expliquent dans une déclaration commune le 4 avril, et parmi de nombreux autres signataires, l’ONG Médecins du monde, les ministres de la Santé de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, ou encore la prix Nobel de médecine 2008 Françoise Barré-Sinoussi…

Les signataires réclament un « renforcement des politiques de prévention » (vaccination contre l’hépatite B, dépistage précoce des deux hépatites pour les populations les plus affectées).

Abaisser le coût des traitements

Les auteurs veulent aussi « un accès au traitement pour tous ». Les traitements contre l’hépatite C « doivent être accessibles sous forme de génériques ou à des tarifs compatibles avec les économies des pays », estiment-ils. Ils plaident pour que « le traitement de l’hépatite B chronique par le ténofovir [médicament antiviral également utilisé contre le virus du sida, le VIH, ndlr] soit disponible à des prix raisonnables et adaptés, comme pour le VIH ». Enfin, ils demandent à ce que la lutte contre les hépatites B et C soit « inscrite dans les dispositifs internationaux de financement comme le Fonds mondial et Unitaid ».

La déclaration a été publiée au premier jour de la Conférence internationale de l’Alliance francophone des acteurs de la santé en lutte contre le VIH et les hépatites, qui se tient à Bordeaux jusqu’au 7 avril.

Fin de la trêve hivernale : Monsieur Macron, respectez votre engagement

 

Médecins du Monde

Médecins du Monde

Association médicale militante de solidarité internationale qui se bat pour l’accès aux soins des populations les plus vulnérables.

  • Pour la fin de la trêve hivernale, ce samedi 31 mars, Médecins du Monde envoie des avis de non-expulsion aux membres de l’exécutif. Voici celui adressé à Emmanuel Macron.

 

Monsieur le Président,

Si vous recevez cette lettre, c’est que vous avez la chance d’avoir un toit.

Ce n’est pas le cas des milliers de personnes qui sont aujourd’hui à la rue.

Pourtant, à l’occasion de vos vœux pour 2018, vous vous êtes engagé à leur offrir un abri.

Ce samedi 31 mars marque la fin de la trêve hivernale. L’année dernière, 34.000 personnes ont été expulsées de leur logement. 

Combien seront-elles cette année ?

Chaque jour en France, 143.000 personnes survivent sans domicile. À la rue, dans des bidonvilles, des squats ou des hébergements d’urgence. Elles subissent l’insécurité, l’insalubrité, les maladies, le stress, la faim. Leur vie est en danger.

Pour elles, accéder aux soins est un parcours du combattant. Partout en France, devant nos centres de santé, les files d’attente s’allongent de jour en jour. Nos équipes sont dépassées, fatiguées d’agir à votre place.

Les belles paroles ne sauvent personne de la rue. Il est temps de prendre vos responsabilités et de tenir votre promesse en permettant à chacun d’accéder à un logement décent et pérenne.

Respectez votre engagement. Changez leur vie.

Médecins du Monde

#PasDeSanteSansToit

Pour Médecins du Monde « tout est fait pour montrer aux migrants qu’ils ne sont pas les bienvenus » Crise des migrants

Le docteur Jean-François Corty, directeur des Opérations Internationales de Médecins du Monde, condamne la politique du gouvernement en matière d’accueil des migrants. Dans son livre, La France qui accueille*, qui sort le 18 janvier prochain, le Toulousain veut montrer que le pays reste solidaire et que des solutions pour l’accueil existent.

Emmanuel Macron se rend ce mardi à Calais pour y rencontrer notamment les associations d’aides aux migrants. En tant qu’association, quel est votre point de vue sur la politique menée par le gouvernement en matière d’immigration ?

C’est une politique très agressive qui est dans la continuité de celle menée par les gouvernements précédents, que ce soit de droite ou de gauche. Cette politique met en difficulté les migrants, les aidants, remet en question le principe de l’asile et utilise des méthodes qui ne respectent pas les droits fondamentaux.  Tout est fait pour créer des conditions de dissuasion, pour montrer aux migrants qu’ils ne sont pas les bienvenus. Sur les 100 000 demandes d’asile de 2017, seulement la moitié ont été reconnues comme valables. Actuellement, les autorités sont prêtes à utiliser la violence, à détruire les abris à Calais, à gazer les sacs de couchage, pour empêcher l’arrivée de nouveaux migrants.  Continuer la lecture

L’Iglou, un abri pour dormir au chaud à Bordeaux

Un Iglou pour abriter les personnes à la rue quand il fait froid. L’idée peut paraître saugrenue. Sauf que l’Iglou en question n’a rien d’un igloo en glace comme on en trouve dans le grand Nord. Il s’agit d’une structure en mousse pour permettre aux sans-abris de passer la nuit au chaud.

 

Cet Iglou a été mis au point par Geoffroy de Reynal. Alors qu’il rentrait d’une expérience professionnelle à l’étranger, ce jeune ingénieur, qui vit à Bordeaux, a été choqué de voir des personnes à la rue en France. Il réfléchit alors à une solution pour permettre aux SDF de s’abriter du froid. « Je me suis toujours dit qu’il était possible de garder la chaleur du corps avec une isolation suffisante », explique le jeune homme. Il imagine donc une structure minimaliste de deux mètres de long sur 1,20 m de large et 1,20m de hauteur. Une sorte d’igloo donc, dans lequel on se glisse pour la nuit. L’abri est en mousse de polyéthylène, un matériau utilisé pour éviter les chocs dans les transports et aussi isolant que la laine de verre ou le polystyrène mais beaucoup plus souple. L’intérieur de l’Iglou est recouvert d’aluminium pour lui éviter de prendre feu.

Une dizaine d’Iglous distribués

Pour proposer ses Iglous aux personnes qui en avaient besoin, Geoffroy de Reynal a fait appel à l’expertise de Médecins du Monde. L’association intervient dans une vingtaine de squats et de bidonvilles de la Métropole et connaît bien les problématiques de la rue. Morgan Garcia, le coordinateur de la mission squats a suivi le dossier. « La structure ne nous a pas semblé appropriée pour les personnes à la rue. C’est trop volumineux. Mais cela peut convenir pour les squats. Il y a des gens qui sont dans des situations de très grande précarité mais qui peuvent conserver quelques biens parce qu’elles vivent dans des hangars désaffectés ou dans des cabanes.» Continuer la lecture

A Calais, des centaines de migrants piétinent toujours aux portes de l’Angleterre

Emmanuel Macron est attendu mardi à Calais, où, depuis plus de 20 ans, des migrants affluent dans l’espoir de se rendre en Grande-Bretagne, sans être dissuadés par les démantèlements successifs de leurs campements.

Ils seraient ainsi environ 600 aujourd’hui selon les associations, dont une centaine de mineurs et une majorité d’Afghans, d’Érythréens et d’Éthiopiens. La préfecture en dénombre, elle, 350. Ils étaient 7.400 lors du démantèlement de la « Jungle » en octobre 2016.

Pourquoi des migrants restent-ils à Calais ?

« Pour rejoindre l’Angleterre ! », répond en cœur un groupe de réfugiés stationné dans une zone industrielle de la ville. Parmi eux, un Ethiopien de 32 ans, à Calais depuis six semaines: « je suis monté cinq fois dans un camion, mais j’ai été débarqué, c’est tellement contrôlé, alors j’attends ». Les migrants sont « persuadés » que l’Angleterre « est un eldorado: pour la langue, ils y ont parfois des proches, ils pensent qu’ils pourront travailler plus facilement et, surtout, il y a une rumeur tenace: les accords de Dublin (prévoyant qu’un migrant doit demander l’asile dans le premier pays où il laisse ses empreintes) ne s’y appliqueraient pas », explique Loan Torondel de l’Auberge des Migrants. Il réclame « des voies de passages sûres et légales » entre les deux pays.

Par ailleurs, « historiquement, c’est à Calais que les gens passent, donc les passeurs poussent les réfugiés à venir ici », poursuit-il. Selon le parquet de Boulogne-sur-Mer, 14 filières de passeurs ont ainsi été démantelées en 2017. De source policière, 60.000 migrants ont été trouvés dans des camions en 2016, et 30.000 en 2017 aux ports de Loon-Plage et de Calais et au Tunnel sous la Manche.

Pour ralentir ces camions en partance pour l’Angleterre et tenter de monter à l’intérieur, les migrants installent encore certaines nuits des barrages sur la rocade portuaire, comme jeudi soir. Des opérations périlleuses: 14 sont morts dans le Calaisis en 2016, quatre en 2017 et déjà un en 2018, pour la plupart percutés par des véhicules.

Dans quelles conditions vivent-ils ?

Depuis le démantèlement de la +Jungle+, ils n’ont plus d’abri fixe. Les associations leur distribuent vêtements, tentes, duvets et nourriture quotidiennement, selon Vincent de Coninck du Secours Catholique. Des points d’eau, des toilettes et des douches ont été installés par la préfecture, mais « la gale est omniprésente à Calais », selon Brice Benazzouz de Médecins du Monde, qui pointe aussi « les maladies ORL, mal de dos, contusions liées aux tentatives de passage ». « Ce qui nous inquiète, c’est la santé mentale, il y a une détresse psychologique absolue sur le littoral », relève-t-il également. Continuer la lecture