200 migrants bloqués à Vintimille, entre Italie et France

200 migrants bloqués à Vintimille, entre Italie et France

par Laurent Vareille dimanche 14 juin 2015 17:01
Plusieurs dizaines de migrants se sont installés à même les rochers, à la frontière franco-italienne © MAXPPP

Depuis jeudi, près de 200 migrants sont bloqués par les policiers français à la frontière franco-italienne. Ils ont manifesté pacifiquement à Vintimille, entamé une grève de la faim. Les policiers italiens ont donc tenté des les disperser, ils se sont réfugiés sur les rochers en menaçant de se jeter dans la Méditerranée. La situation est confuse et sensible.

Depuis jeudi chez nos voisins transalpins, juste à la frontière franco-italienne mais aussi dans la ville de Vintimille, des centaines de migrants africains, venant principalement d’Erythrée et de Guinée sont bloqués. Mais cette fois-ci, ces migrants manifestent au grand jour, ne bougent plus et demandent à passer en France. La France refuse et les Italiens doivent donc faire face à ces clandestins qui pour certains se sont réfugiés sur des rochers au bord de mer. La situation s’enlise et pour Médecin du monde, présent sur place il y a urgence sanitaire.

Les autorités françaises refusent d’ouvrir le passage au migrants

Ce sont surtout des Erythréens, qui attendent, sur le parvis de la gare de Vintimille, mais aussi dans différents endroits de la ville, parcs et jardins, et bien sûr encore pour certains à la frontière, sur le bord de mer, à même les rochers.

De jeunes africains qui attendent le droit de passer en France pour gagner Paris, l’Angleterre ou l’Allemagne pour d’autres. Mais la réponse des autorités françaises reste la même : « on ne passe pas ». Alors ils attendent , assis sur  des marches ou des bancs, un sac en plastique avec toutes leurs affaires à leurs pieds. Ils attendent, dans des conditions qui commencent à devenir déplorables : à la gare de Vintimille, les enfants et leurs mères ont dormi à même le sol cette nuit, et commencent à manquer de vivres. La Croix Rouge italienne fait ce qu’ellle peut, des associations azuréennes espèrent organiser une collecte en début de semaine. Continuer la lecture

Françoise Sivignon, la French doctoresse

Elle a toujours préféré le travail sur le terrain au confort d’un cabinet de radiologie. Elue présidente de Médecins du monde, cette combattante dénonce le sort réservé aux migrants.

C’est son premier carton rouge. Elue ­présidente de Médecins du monde samedi 30 mai, ­Françoise Sivignon n’aura pas perdu de temps pour lancer son premier cri d’alarme. « L’Europe et la France sont en train de mettre en œuvre une politique de criminalisation des migrants », s’insurge-t-elle. A ses yeux, « ces gens sont traités comme des ennemis et considérés comme coupables du simple fait d’être là ».

Les rescapés de la Méditerranée et autres exilés peuvent compter sur le timbre clair de cette radiologue spécialiste du sida qui préside désormais aux destinées de l’organisation installée dans quarante pays. Ses accents rappellent d’ailleurs les tout premiers jours de Médecins du monde. Quand en 1980, il y a trente-cinq ans, des médecins bénévoles recueillaient sur leur bateau des boat people vietnamiens. Durant ses treize années de bénévolat, Françoise Sivignon a traîné son stéthoscope dans une bonne vingtaine de pays. Faire carrière dans un cabinet parisien ne l’a jamais fait rêver. Aussi a-t-elle toujours joué la remplaçante dans les cabinets des autres ou au sein des services hospitaliers, pour mieux rester disponible aux SOS de la planète.

La Voix des plus démunis

Enfant, Françoise Sivignon avait déjà la bougeotte au point de ne jamais tenir dans le cadre d’une photo, se plaignait son père. A 16 ans, sitôt le bac en poche, elle quitte sa petite ville de Nevers pour « monter » à Paris faire médecine. « J’étais bonne élève, l’idée de soigner me séduisait assez », rappelle-t-elle. Sa première expérience sera fondatrice et lui donnera le goût des combats politiques. « Au tout début des années 1980, j’ai eu la chance de travailler dans l’équipe de Willy Rozenbaum », pionnier de la prise en charge des malades du sida, à Paris. « J’ai croisé là des patients qui ont forgé mon admiration. On n’avait pas de traitement à leur proposer, mais ils voulaient savoir, comprendre et ils interpellaient avec véhémence les pouvoirs publics. » Continuer la lecture

Calais: Soixante-dix CRS en renfort pour gérer l’afflux de migrants

Nouveaux renforts pour les forces de l’ordre à Calais. Selon la Voix du Nord, la préfecture du Pas-de-Calais a annoncé lundi soir l’envoi d’une compagnie de CRS supplémentaires (70 policiers) pour gérer la présence de migrants dans le secteur.

Ces renforts, attendus jeudi sur le terrain, porteront à 270 le total de CRS déployés à Calais, pour un nombre de migrants qui a allégrement dépassé les 2.500, selon la plupart des sources.

Inquiétudes à Calais

Il est cependant peu probable que l’annonce de la préfecture suffise à calmer les vives inquiétudes exprimées la semaine dernière par les associations et ONG (organisations non-gouvernementales).

Calais : Les associations menacent de quitter le terrain des migrants

Un responsable de Médecins du Monde réclamait notamment des « médiateurs » pour apaiser les tensions entre migrants, tandis que de nombreux bénévoles regrettaient l’insuffisance de moyens pour répondre au défi sanitaire posé par une telle concentration de population.

Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde raconte l’horreur de la crise humanitaire en Syrie et l’urgence pour la communauté internationale d’y répondre.

En 2013, j’avais pu rejoindre, avant Noël, le nord de la Syrie pour inaugurer un centre mère-enfant. Au milieu de l’effroi de la guerre civile, il restait un espace tenu qui permettait aux humanitaires internationaux d’accompagner et de soutenir les efforts des Syriens qui luttaient contre la guerre, des Syriens qui faisaient le pari de la solidarité.

Déjà, les témoignages entendus nous glaçaient le sang : torture, disparitions forcées, bombardements de populations civiles… En 2014, le professeur Henry Laurens, du Collège de France, introduisait dans nos débats la notion de « fabrique de réfugiés » à propos du conflit syrien. Quatre ans après le début du conflit, les témoignages de nos équipes qui travaillent en Syrie confirment que cette fabrique tourne toujours à plein régime. Continuer la lecture

MDM s’attaque aux brevets pharmaceutiques

Dans un petit cinéma parisien, l’ONG Médecins du Monde projetait ce mois-ci un documentaire sur le combat mené il y a quinze ans dans les pays pauvres pour l’accès aux traitements du sida. Dressant un parallèle avec la situation actuelle et la problématique des brevets, notamment dans l’hépatite C.

Ce lundi 16 mars, salle comble pour le petit cinéma Studio 28, au nord de Paris. Au programme ce soir, à l’initiative de l’ONG Médecins du Monde : un documentaire présenté en sélection officielle au Sundance Festival 2013 et au Forum social 2015 du Conseil des droits de l’Homme, mais jamais projeté en France : Fire in the Blood. Le récit du combat mené entre 1996 et 2003, en pleine explosion du sida, pour l’accès aux génériques dans les pays en développement, incapables de payer le prix des antirétroviraux brevetés. Un accès que refusaient, au nom du respect de leur propriété intellectuelle, les laboratoires pharmaceutiques occidentaux. Ils venaient pourtant de révolutionner le traitement du VIH en permettant enfin aux patients de vivre avec la maladie, au lieu d’y succomber rapidement.

Les images, tournées en Ouganda, en Afrique du Sud, en Inde, mais aussi aux Etats-Unis, suivent le récit de quelques survivants et des acteurs clés de cette lutte : militants – principalement africains -, ONG, soignants, personnalités politiques, journalistes… Sans oublier deux industriels : le patron du laboratoire allemand Biogenerics et le fabrican indien de médicaments génériques Cipla, présenté en héros. C’est lui qui fera basculer le combat en étant capable de proposer un« prix magique » pour ces génériques : 350 dollars par an par patient, contre 15 000 dollars dans les pays développés.

Le documentaire rappelle les familles décimées en Afrique. Les 10 millions de décès liés au sida entre 1996 et 2003 alors qu’on ne mourrait plus de cette maladie dans les pays riches. Il dénonce le discours des big pharmas, des pays occidentaux et des grandes organisations internationales, convaincus que les plus pauvres ne sauraient prendre leur traitement correctement ou que des génériques entraîneraient forcément de la contrefaçon, voire un refus des patients des pays riches à payer à leur tour plein pot.

LE PROBLÈME DU SUD DEVIENT AUSSI CELUI DES PAYS DU NORD

Et aujourd’hui ? Les accords ADPIC signés en 2006, qui place le contrôle des brevets sous l’égide de l’OMC, ont mis fin à la possibilité pour des pays comme l’Inde de contourner ce droit et de produire des médicaments à bas prix pour les plus pauvres, comme elle le faisait depuis 1970, dénonce le documentaire… « En ce sens, il fait pleinement écho au plaidoyer actuel sur le prix des traitements contre l’hépatite C et contre le rationnement des patients pouvant en bénéficier, complètent, à l’issue de la projection, les experts de Médecins du Monde. Fait nouveau, ce qui était un problème du Sud devient aussi un problème du Nord », alors qu’aux Etats-Unis par exemple, la moitié de la population n’aurait pas de quoi se payer les médicaments qui lui sont prescrits. L’ONG vient de lancer une action à l’échelle européenne pour dénoncer le brevet du traitement Solvadi du laboratoire américain Gilead, véritable innovation dont le prix avait suscité la polémique l’an dernier. Y compris en France où un prix a finalement été négocié avec le ministère de la Santé. Continuer la lecture

Prostitution : Médecins du Monde interpelle les Sénateurs

Médecins du Monde envoie aujourd’hui à chaque Sénatrice et Sénateur un webdocumentaire rassemblant des témoignages de personnes se prostituant. Les 30 et 31 mars prochains, la proposition de loi sur la prostitution sera examinée au Sénat. Il est donc essentiel que les élus français entendent la parole des principales concernées.

Afin de faire entendre leur voix, Médecins du Monde a envoyé aux Sénatrices et Sénateurs des témoignages recueillant la parole de quatre personnes se prostituant. Ces dernières expliquent à quel point elles redoutent l’impact de la pénalisation des clients et la crainte de voir se développer une prostitution dans des lieux plus isolés. Continuer la lecture