Emmaüs déplore « l’inertie du gouvernement » à Calais, rompt le dialogue

Le mouvement Emmaüs a décidé vendredi de « rompre tout dialogue avec le gouvernement » sur la question de l’accueil des migrants à Calais, dénonçant « l’inertie malsaine du gouvernement », a-t-il annoncé à l’issue d’une réunion avec le ministre de l’Intérieur.

« Révolté par l’inertie malsaine du gouvernement et par l’incapacité de son ministre de l’Intérieur à apporter enfin des réponses adaptées à l’ampleur de la catastrophe humaine à Calais, j’ai décidé (…) de rompre tout dialogue avec le gouvernement », a annoncé Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France dans un communiqué.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a reçu vendredi place Beauvau les associations qui se chargent de l’accueil des migrants à Calais, telles que la Cimade, Médecins du Monde, le Secours catholique, Emmaüs ou La Vie active.

Pour Thierry Kuhn, « une catastrophe à grande échelle s’annonce à Calais dans les jours qui viennent à l’approche de l’hiver ».

« Sciemment, délibérément, par aveuglement ou perfidie, le gouvernement se refuse à prendre des décisions qui seules seront de nature à apporter dignité et respect des droits fondamentaux aux 3.000 personnes actuellement bloquées à Calais dans des conditions insupportables et honteuses pour notre République », affirme-t-il. Continuer la lecture

Migrants : quand les internautes financent une opération de sauvetage

Lancée ce week-end par l’association SOS Méditerranée, cette campagne de financement participatif a permis de récolter près de 90.000 euros en cinq jours.

Si de nombreuses associations se mobilisent pour l’accueil des réfugiés, d’autres s’y attellent dès leur traversée de la Méditerranée. Une campagne de crowdfunding a été lancée ce week-end pour financer une opération de sauvetage en mer des migrants et affréter un navire entre les côtes italiennes et libyennes.

L’objectif initial est de collecter 100.000 euros. Avec cet argent, SOS Méditerranée espère «louer durant un mois un bateau de 60 mètres pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes». Dans l’idéal, l’association souhaite obtenir 1,2 million d’euros afin d’acheter son propre bateau et ainsi multiplier dans le temps les interventions, quelles que soient les conditions météorologiques, explique Sophie Beau, à l’origine du projet. «Contrairement à la Croix Rouge, on ne pourra pas avoir des milliers de bénévoles en mer. Il nous faut donc un équipage professionnel qui puisse agir 24h/24.» Les opérations seront menées conjointement avec l’association Médecins du monde qui médicalisera le navire. Continuer la lecture

Survivre dans la « Jungle » de Calais

L’encyclopédie en ligne Wikipédia dresse une répartition des Jungles à travers le monde: « Les jungles sont situées le long de l’équateur. La plus grande jungle se trouve en Amérique du Sud. Il y a également des jungles en Afrique et en Asie du Sud-Est (notamment en Malaisie et en Indonésie, mais également aux Philippines, au Cambodge, au Laos et au Viêt Nam) ».

Mais, qu’en est-il de celle de Calais? Vous savez bien, cette petite ville Française de quelque 75.000 habitants, à l’accent pour le moins sympathique, située en région Nord-Pas-de-Calais?

Aujourd’hui, en 2015, à Calais, la « Jungle » est une vaste zone de non-droit où s’entassent environ 3000 personnes en migration, hommes, femmes et enfants, dans le dénuement le plus total.

Vous entendrez par « dénuement » des conditions de vie déplorables, dégradantes, inhumaines…les adjectifs même viennent à me manquer!

Je tâcherai donc, de manière succincte, de vous dresser une liste (non-exhaustive) des principaux points, entendons par là des besoins non moins vitaux, susceptibles d’être améliorés:

  • Accès à la nourriture:

Un seul repas par jour distribué entre 17 et 19 heures, au centre Jules Ferry, un centre d’accueil de jour pour les personnes en migration située à proximité de la Jungle!

Une file d’attente (interminable) commence à se former à partir de 15 heures.

  • Accès à l’eau potable:

Quelques points d’eau répartis de façon éparse, ici et là, à travers la Jungle.

Un peu moins d’une trentaine de robinets pour une population, toujours en augmentation, estimée aujourd’hui à environ 3000 personnes!

  • Accès à un logement décent:

Les nouveaux arrivants, les plus démunis, dorment en plein air, à même le sol.

Ceux qui sont un peu plus chanceux ont réussi à se procurer une tente et s’y entassent à plusieurs. Comble du luxe, certains disposent d’un abri, faits de bouts de bois et de bâches! Il est important de rappeler le rôle déterminant des bénévoles de l’associationSecours Catholique, qui n’ont pas ménagé leurs efforts, ces dernières semaines, pour permettre à ces personnes en migration de mettre un toit au-dessus de leurs têtes.

Accès aux soins de santé: 
Un infirmier est présent, 2 heures par jour, 5 jours par semaine, au centre Jules Ferry. Pour les consultations médicales ou la délivrance de médicaments, les personnes en migration doivent alors se rendre à la Permanence d’Accès aux Soins de Santé (PASS) située à proximité de l’Hôpital de Calais, soit une longue et éprouvante marche de plus d’une heure. Depuis peu, l’association Médecins du Monde a implanté une clinique mobile au sein de la Jungle, permettant ainsi un accès plus aisé aux soins pour toutes ces personnes. Le fonctionnement de la clinique repose sur l’action conjointe de salariés de l’association mais également de médecins, infirmiers et médiateurs sanitaires bénévoles. Toutefois, le nombre de consultations proposées demeure insuffisant au vu des demandes de soins toujours plus nombreuses.

Le rôle de la PASS n’en demeure pas moins prépondérant. Continuer la lecture

Migrants de Calais : des moyens pour la sécurité, pas pour l’humanitaire

Les associations présentes dans la « new jungle » espéraient des mesures concrètes sur le volet humanitaire du plan franco-britannique. Elles ne cachent pas leur déception.

Au lendemain de la visite des ministres de l’Intérieur français et britannique Bernard Cazeneuve et Theresa May à Calais, le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés s’est félicité du plan d’action commun établi « en réponse à la situation complexe ». Antonio Guterres « salue en particulier les mesures de protection et humanitaires annoncées ». Les ONG présentes dans le camp appelé « new jungle » se montrent beaucoup moins enthousiastes.

D’abord parce que le texte ne prend pas en compte la réalité de la situation dans le bidonville de Calais. Près de 3.000 migrants s’y entassent dans des conditions humaines et sanitaires désastreuses. Ces dernières semaines, entre 30 et 50 nouvelles personnes arrivent chaque jour.

Comme les passages pour l’Angleterre se font maintenant au compte-goutte, on s’attend à voir 4.000 personnes en septembre. Et l’hiver approche », s’alarme François de l’association L’Auberge des migrants.

« Je suis abasourdi par le cynisme de ces propositions », tempête de son côté le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du Monde. Continuer la lecture

Un collectif d’ONG dénonce la baisse de la contribution financière française à la santé mondiale

Le Collectif Santé 2015* accuse les autorités françaises d’opérer des coupes budgétaires dans le domaine de la santé mondiale. Le montant total de ces coupes s’élève à 80 millions en 2015, sur un budget annuel total dédié à la santé mondiale de 600 millions d’euros, soit près de 15 %.

Dans le détail, la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme sera amputée de 40 millions d’euros pour 2015, calcule le Collectif. « 360 millions d’euros par an seront bien mis à disposition du Fonds mondial et la France entend rester un partenaire essentiel du Fonds », défend François Hollande dans une lettre datée du 6 juillet. Continuer la lecture

Françoise Sivignon, la French doctoresse

Elle a toujours préféré le travail sur le terrain au confort d’un cabinet de radiologie. Elue présidente de Médecins du monde, cette combattante dénonce le sort réservé aux migrants.

C’est son premier carton rouge. Elue ­présidente de Médecins du monde samedi 30 mai, ­Françoise Sivignon n’aura pas perdu de temps pour lancer son premier cri d’alarme. « L’Europe et la France sont en train de mettre en œuvre une politique de criminalisation des migrants », s’insurge-t-elle. A ses yeux, « ces gens sont traités comme des ennemis et considérés comme coupables du simple fait d’être là ».

Les rescapés de la Méditerranée et autres exilés peuvent compter sur le timbre clair de cette radiologue spécialiste du sida qui préside désormais aux destinées de l’organisation installée dans quarante pays. Ses accents rappellent d’ailleurs les tout premiers jours de Médecins du monde. Quand en 1980, il y a trente-cinq ans, des médecins bénévoles recueillaient sur leur bateau des boat people vietnamiens. Durant ses treize années de bénévolat, Françoise Sivignon a traîné son stéthoscope dans une bonne vingtaine de pays. Faire carrière dans un cabinet parisien ne l’a jamais fait rêver. Aussi a-t-elle toujours joué la remplaçante dans les cabinets des autres ou au sein des services hospitaliers, pour mieux rester disponible aux SOS de la planète.

La Voix des plus démunis

Enfant, Françoise Sivignon avait déjà la bougeotte au point de ne jamais tenir dans le cadre d’une photo, se plaignait son père. A 16 ans, sitôt le bac en poche, elle quitte sa petite ville de Nevers pour « monter » à Paris faire médecine. « J’étais bonne élève, l’idée de soigner me séduisait assez », rappelle-t-elle. Sa première expérience sera fondatrice et lui donnera le goût des combats politiques. « Au tout début des années 1980, j’ai eu la chance de travailler dans l’équipe de Willy Rozenbaum », pionnier de la prise en charge des malades du sida, à Paris. « J’ai croisé là des patients qui ont forgé mon admiration. On n’avait pas de traitement à leur proposer, mais ils voulaient savoir, comprendre et ils interpellaient avec véhémence les pouvoirs publics. » Continuer la lecture