Malnutrition à Mayotte : le cri d’alarme de MdM

lequotidiendumedecin.fr 30/03/2012

AFP
Le 31 mars 2011, Mayotte devient 101e département français. Un an après l’association Médecins du monde alerte sur la malnutrition infantile qui toucherait 7 % des enfants dans le département.

En 2009, Médecins du Monde ouvrait un centre de soins pédiatriques à Koungou à Mayotte, afin d’améliorer l’accès aux soins des enfants les plus démunis. « Face au nombre croissant d’enfants arrivant au centre manifestement en situation de malnutrition, MdM a décidé d’évaluer la situation nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans vus en consultation », explique l’association. L’étude a été menée du 1er avril au 1er juillet 2011 auprès de l’ensemble des enfants vus en consultation au centre de MdM ou en clinique mobile. Le repérage de la malnutrition se faisait par le recueil de l’âge, du sexe, du poids et de la taille des enfants. Sur la période de l’étude, 422 enfants de 0 à 59 mois ont été inclus. « Les résultats montrent une prévalence de la malnutrition aiguë chez 7,3 % des enfants rencontrés », souligne l’association. Un taux élevé mais qui semble stable par rapport aux enquêtes existantes, notamment celle réalisée en 2006 par l’Institut de veille sanitaire (InVS) qui retrouvait un taux de 7,5 % en population générale (12,3 % pour la malnutrition chronique). « Inacceptable », juge MdM si l’on se réfère aux recommandations de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et de l’OMS selon lesquelles des taux entre 5 % et 10 % indiquent une situation précaire.

Précarisation des populations.

L’étude a « certainement manqué de puissance pour mettre en évidence des facteurs de risque sociaux ou économiques de malnutrition aiguë », précise MdM qui fait néanmoins un certain nombre de constatations inquiétantes. Les enfants souffrant de malnutrition sont issus de familles aux ressources financières faibles et précaires, nombreuses le plus souvent. L’accès aux services essentiels tels que l’eau courante est également préoccupant. Plus d’un enfant sur 3 (39,3 %) n’y avait pas accès. Les pratiques et habitudes alimentaires sont également un enjeu majeur dans la lutte contre la malnutrition. À Mayotte, la diversification débute tôt (avant l’âge de six mois) et les aliments introduits en premier sont le riz et rapidement le poisson. On retrouve peu de fruits et légumes – pourtant disponibles – dans l’alimentation des enfants et beaucoup de féculents et de protéines.

L’accès aux soins pour la prévention et le suivi nutritionnel est essentiel. « En 2009, on estimait à plus de 18 000 le nombre d’enfants non affiliés à la sécurité sociale », souligne l’association ; « seule la moitié des enfants malnutris bénéficiaient alors d’un suivi en PMI et un quart obtenait un traitement nutritionnel », note-t-elle. Selon MdM, « la mise en place de la départementalisation territoire de Mayotte a contribué à la précarisation des populations », notamment étrangères. Et de s’alarmer : « Avec plus de 21 000 reconduites à la frontière en 2011, les politiques migratoires menées à Mayotte entraînent un harcèlement systématique des plus précaires. Ceux-ci renoncent à aller se faire soigner par peur d’être arrêtés. De nombreux enfants se retrouvent séparés de leurs parents, pris en charge par d’autres familles qui ne peuvent pas toujours assurer leurs besoins alimentaires. » Pour conclure, MDM rappelle que les statistiques de l’INSEE affichaient en 2010 un taux brut de mortalité infantile dans le territoire de « 13,5 % soit 4 fois plus élevé qu’en métropole ».

› Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Le 115 ne répond pas pour plus de la moitié des sans-abri

58% des demandes d’une place en hébergement d’urgence formulées cet hiver auprès du Samu social (115) par des personnes ou familles sans domicile suivies par Médecins du Monde (MDM) n’ont pas reçu de réponse, selon une enquête réalisée par l’association. En janvier et février, « nos équipes ont effectué 190 signalements » au 115, ce qui représente 213 personnes dont 23 familles avec 66 enfants, explique MDM dans cette étude publiée mardi et portant sur sept villes (Saint-Denis, Marseille, Strasbourg, Grenoble, Lyon, Montpellier et Toulouse). Continuer la lecture

La Grèce confrontée à une immigration clandestine massive

Les habitants de la ville de Kozani, dans le nord-ouest du pays, sont perplexes. La décision du Conseil des ministres, hier, de transformer un ancien camp de l’armée de la région en centre d’accueil pour les immigrés fait débat. Dans quelques jours, après le feu vert du Parlement, les travaux vont commencer. Mille personnes pourront être accueillies. La surveillance relèvera de la police, mais ce sera une société de sécurité privée qui gérera l’intérieur du camp.

Nombre de Kozaniens refusent de voir arriver des centaines d’immigrés clandestins dans leur ville et craignent, entre autres, une augmentation de la criminalité et la dégradation de l’image de leur région. Il n’empêche, le gouvernement y voit la seule solution pour désengorger les centres d’accueil du nord du pays débordés par l’afflux de migrants.

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Présidentielle: les politiques ont-ils pris la mesure des risques sanitaires?

En période électorale, nous pouvons nous détourner des enjeux de santé publique en lançant de grandes controverses relatives à la dépénalisation de l’euthanasie ou à la légalisation de l’utilisation des cellules souches embryonnaires (pour des recherches déjà autorisées à titre dérogatoire).

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Médecins du Monde reprend ses activités dans le Nord du Mali

En réponse aux déplacements de population, MdM lance une intervention d’urgence médicale destinée aux déplacés internes et aux populations isolées de la Région de Kidal. Cette intervention s’appuiera sur les structures de santé existantes.

LA SITUATION

Le 3 février 2012, MdM suspendait ses activités à Kidal à la suite du bouclage de la ville et face à l’impossibilité d’intervenir dans les structures de santé périphériques. En suspendant ses activités, MdM attirait l’attention sur les déplacements internes de population alors que l’alerte humanitaire ne pointait que les mouvements de réfugiés vers les pays limitrophes tels que l’Algérie, la Mauritanie et le Niger. Suite aux combats autour de Kidal, une partie de l’équipe MdM quittait la ville le 11 février, accompagnant une quarantaine de familles qui y étaient bloquées.

LA REPONSE DE MDM

¬Aujourd’hui, on estime à plus de 63.000 le nombre de déplacés internes (source : OCHA â “ CICR). Médecins du Monde considère que la réactivation du système de santé est la clé pour le déploiement d’une réponse médicale d’urgence. Pour Pierre Verbeeren, directeur général de MdM Belgique, « les structures de santé sont idéalement positionnées pour répondre aux besoins médicaux des populations déplacées ou isolées avec l’aide des équipes mobiles redéployées et avec notre appui.»

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Olivier Bernard (Médecins du monde) : « Une carte vitale pour tous »

Médecins du monde lance le 29 février sa nouvelle campagne de mobilisation en vue d’interpeller les candidats aux élections de 2012. Pour l’organisation non gouvernementale, les questions de santé peinent à émerger des débats électoraux. Entretien avec Olivier Bernard, président de Médecins du monde.

Vous lancez le 29 février une campagne qui interpelle les Français avec cette question : « Le meilleur système de santé au monde ? ». Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
En France, nous avons longtemps tenu pour acquis que nous avions le meilleur système de santé au monde. Nous en sommes aujourd’hui bien loin. Avec cette campagne, nous souhaitons partager les constats préoccupants que nous faisons chaque jour sur le terrain. Le sujet de la prise en charge mère-enfant nous semble particulièrement refléter les dysfonctionnements de notre système de santé. Par exemple, 68% des femmes enceintes qui nous consultent n’ont pas accès aux soins prénataux et deux tiers des enfants ne sont pas à jour de leurs vaccinations. Autre constat : un quart des personnes prises en charge par nos équipes se font soigner trop tardivement avec des symptômes qui se sont aggravés. Si ces problèmes se rencontrent auprès de ceux qui vivent à la marge de notre société, des plus précaires, nous commençons également à les observer dans la population générale. Continuer la lecture