Les précaires ont toujours des difficultés pour se soigner

le parisien

En France, la part des personnes en situation de précarité – elles sont plus de 3 millions selon l’Insee – et les inégalités sociales de santé restent importantes, selon l’étude que « Médecins du monde » vient de faire sur ses activités dans l’Hexagone. Ses structures de l’association réservées à ce public ne désemplissent pas.

CHIFFRES STABLES DEPUIS 2008

En 2013, 29 960 personnes se sont rendues dans les Centres d’accueil de soins et d’orientation de l’association. Plus de 30 000 contacts auprès des publics en situation de grande précarité (personnes vivant à la rue, en squat ou dans des bidonvilles, personnes se prostituant, usagers de drogues, migrants en transit…) ont été réalisés dans le cadre des actions mobiles envers les plus exclus.

http://www.la-croix.com/Solidarite/En-France/Les-precaires-ont-toujours-des-difficultes-pour-se-soigner-2014-10-16-1250115

La «précarité» les yeux dans les yeux

A l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre et de la publication de son rapport annuel sur l’accès aux soins des plus démunis en France, Médecins du monde présente jusqu’au 19 octobre une exposition monumentale sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. L’installation de douze structures de 6 m de haut par 3 m de large donne à voir en grand format les différents visages de la pauvreté et de l’exclusion. Le photographe portraitiste Denis Rouvre, 47 ans, qui vit et travaille à Bagnolet tout en sillonnant le monde, récompensé par des prix prestigieux dont le World Press Photo à plusieurs reprises, pose son regard sur ceux qu’il nomme lui-même les «figures héroïques» de nos temps modernes. Alex, Armelle, Nadjat, Marco, Jean-Michel, Constantin nous regardent. Inutile donc de détourner le regard pour éviter le face-à-face avec ces anonymes qui ont accepté de se faire les ambassadeurs de tous ceux qui partagent leur sort. Des visages qui en disent long, qui portent les marques de leur lutte quotidienne contre la misère. Avec cette expo que l’on ne peut rater, Médecins du monde veut simplement «que l’on ne puisse plus dire : « Je ne savais pas, je n’ai rien vu »».

Marie-Christine VERNAY Libération

« Regardons la précarité en face », l’expo poignante imaginée par Médecins du Monde

A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DU REFUS DE LA MISÈRE – LE 17 OCTOBRE -, ET DE LA PUBLICATION DE SON RAPPORT ANNUEL SUR L’ACCÈS AUX SOINS DES PLUS DÉMUNIS, L’ONG MÉDECINS DU MONDE A CONÇU UNE EXPO PHOTO QUI MET À JOUR LES DIFFÉRENTS VISAGES DE LA PAUVRETÉ ET DE L’EXCLUSION… QUE NOUS CROISONS CHAQUE JOUR DANS LES RUES SANS (BIEN SOUVENT) LEUR PRÊTER ATTENTION.

 

 

DOROFTEI, 10 ANS : « JE NE PEUX TOUJOURS PAS ALLER À L’ÉCOLE ».

Doroftei, 10 ans : "Je ne peux toujours pas aller à l'école".

© DENIS ROUVRE
Armelle, 22 ans : "Ici, les filles comme moi, peuvent se faire soigner gratuitement".

© DENIS ROUVRE
Jean-Michel, 44 ans : "C’est aberrant de voir des prix de traitements aussi élevés".

© DENIS ROUVRE
Constantin, 60 ans : "Il m'arrive souvent de ne pas manger pendant un jour entier".

© DENIS ROUVRE
Diego, 15 ans : "Je suis seul, et je ne sais pas ce qui va se passer".

© DENIS ROUVRE
Najat, 50 ans : "Je n'ai pas assez d'argent pour payer mes frais médicaux."

© DENIS ROUVRE
  • Doroftei vit avec ses parents et sa sœur Marinela dans un bidonville de la région parisienne. Pour poursuivre sa scolarité, Doroftei doit présenter un certificat de vaccinations. Mais comme de nombreux enfants vivant dans un logement précaire, il n’a pas été régulièrement vacciné. Médecins du Monde assure les premiers soins et aide sa famille à faire une demande d’Aide médicale d’État (AME) pour qu’il puisse être pris en charge et mettre à jour son carnet de santé. »

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Cette exposition monumentale (comprenant 12 structures de 6 mètres de haut par 3 de large) a été réalisée avec le concours du portraitiste Denis Rouvre, qui depuis plusieurs années, pose son regard ces anonymes, devant lesquels nous détournons parfois le regard. Des enfants, des femmes, des hommes, précaires, exclus, à qui Médecins du Monde a souhaité redonner un visage mais surtout la parole. Objectif : regarder la pauvreté en face, pour mieux la combattre.

Pour en savoir plus
-L’exposition au complet sera installée du 16 au 19 octobre sur le parvis de l’Hôtel de ville à Paris.
-Le site de Médecins du Monde (où le rapport 2014 sera publié demain).
-Le site du photographe Denis Rouvre, récompensés à plusieurs reprises par le World Press Photo.

Future Loi de santé : ne pas oublier les plus fragiles

Future Loi de santé : ne pas oublier les plus fragiles

Frédéric VALLETOUX, Président de la Fédération Hospitalière de France, et Thierry BRIGAUD, Président de Médecins du Monde

 

Depuis la loi d’orientation de 1998 relative à la lutte contre les exclusions, de nombreuses mesures législatives ont été engagées et une multitude de rapports ont été publiés. Pourtant, notre système de santé reste traversé par d’importantes inégalités. Les personnes les plus vulnérables sont souvent en moins bonne santé et ont de plus grandes difficultés à accéder aux soins et aux actions de prévention. Sur le terrain, les hôpitaux publics sont souvent seuls, avec quelques associations, dont Médecins du Monde, à assumer la mission de prise en charge des plus précaires.

 

Il y a urgence à agir pour inventer un nouveau modèle. Alors que le président de la République a hissé la santé au rang de priorité du futur pacte de solidarité, nous appelons le gouvernement à traduire ces intentions en actes. La lutte contre les vulnérabilités doit être au cœur de la future loi de santé publique. La Fédération Hospitalière de France et Médecins du Monde partagent cette ambition d’agir pour préserver un système de santé de qualité, solidaire et ouvert à tous.

 

Pour la première fois, nous avons mené une réflexion commune afin d’élaborer des propositions concrètes. A l’issue de ce travail qui a mobilisé de nombreux experts et acteurs du monde de la santé, la FHF et Médecins du Monde versent au débat 35 propositions pour améliorer la prise en charge des personnes les plus fragiles. Ces propositions s’inscrivent dans trois priorités qui doivent guider la future politique de santé.

 

Il s’agit d’abord de conforter le rôle de l’hôpital dans l’accueil des plus vulnérables. Tant pour des raisons éthiques que pour répondre, de manière opérationnelle, aux besoins des populations les plus fragiles, il nous faut défendre un service public accessible à tous. Ce service public doit s’appuyer sur la coopération avec l’ensemble des acteurs du secteur sanitaire et social. La question du financement public de l’accueil des plus fragiles doit également être posée. La tarification à l’activité n’est pas adaptée à la complexité sociale de certaines prises en charge. L’insuffisance de moyens et l’inadéquation des modes de financement freinent le développement de certaines actions à destinations de publics fragiles et pose la question de la pérennité de nombreux dispositifs. Il apparaît nécessaire de soutenir financièrement les établissements publics dans leurs actions en sanctuarisant les moyens alloués et en confortant les financements.

 

La deuxième priorité doit être de replacer l’hôpital au cœur des territoires. Pour accueillir au mieux les plus fragiles, l’hôpital doit continuer à s’ouvrir à son territoire. Cette ouverture aux autres acteurs, où qu’ils soient et quel que soit leur statut, leur mode d’intervention, est la seule voie qui permette de croiser les regards, de créer des réseaux, de faire émerger des dispositifs innovants et de quitter les référentiels strictement médicaux. Définir une stratégie de soins avec un patient sans domicile fixe, ou un patient migrant sans titre de séjour, impose de prendre en compte les impasses administratives, les limites des possibilités d’hébergement, et oblige à mobiliser tous les acteurs de proximité. Les contrats locaux de santé constituent un des outils qui doit permettre ces approches collectives et complémentaires.

 

La troisième priorité est celle de la participation des patients au système de santé. Ce débat dépasse le périmètre de la précarité mais se trouve aiguisé par l’absence de représentation organisée et souvent du rejet des patients en situation d’exclusion sociale. Or, le travail de médiation sanitaire et les connaissances profanes des patients, sont des leviers pertinents. Ne pas utiliser ces forces serait une erreur, il y va de notre démocratie en général, de notre démocratie sanitaire en particulier de favoriser une participation active des usagers, et, notamment, de ceux qui connaissent ou ont connu une situation de fragilité ou d’exclusion sociale.

 

Les modes d’exercice des professionnels doivent également évoluer. Les patients en situation de vulnérabilité sociale sont des patients complexes. Il est nécessaire que les professionnels de santé ne s’en tiennent pas au seul aspect biomédical et prennent le temps d’analyser la trajectoire de ces patients qui cumulent des fragilités. L’enjeu est d’inventer un modèle de coordination entre une médecine standardisée et une pratique médicale personnalisée qui prend en compte l’environnement des personnes. Les permanences d’accès aux soins de santé, les réseaux santé-précarité, ou les coopérations entre des services hospitaliers et médico-sociaux, sont autant de dispositifs qui favorisent les soins coordonnés, une approche transversale et qui permettent de développer la recherche et la formation sur les questions de santé et vulnérabilités sociale. Nous devons nous appuyer sur ces fondations pour construire une offre de soins adaptée aux besoins du patient et conforme à notre exigence de solidarité.

Notre système de santé est à la veille de choix fondamentaux. Contrairement à ce qu’expriment certaines voix qui appellent à une plus forte marchandisation des soins, la santé ne sera jamais un bien comme les autres. Les bases historiques de notre système, les valeurs d’ouverture et de solidarité, font toujours sens et perdureront dans le monde de demain. La future Loi de santé ne doit pas oublier les plus fragiles. Plus que jamais, ces patients nous poussent aujourd’hui à nous mobiliser pour construire des réponses de soins solidaires … à hauteur d’Homme.

 

Accès aux soins : la précarité frappe les mineurs de plein fouet

En cinq ans en France, le nombre d’enfants qui viennent consulter dans les centres de soins de Médecins du Monde a augmenté de 70 %. Un tiers d’entre eux nécessitent des soins urgents.
Accès aux soins : la précarité frappe les mineurs de plein fouet
CHAMUSSY/SIPA

A la veille de la journée mondiale du refus de la misère, le rapport de Médecins du Monde (MdM) tombe comme un pavé dans la mare : une personne sur dix qui se rend dans les 20 centres de soins de l’ONG en France est un enfant. Leur nombre a augmenté de près 70 % depuis 2007. « Cette hausse est beaucoup plus marquée que celle de l’ensemble des patients, indique le Dr Jean-François Corty, le responsable de la mission France de MdM. Ces enfants représentent en tout 12,5 % de la file active de malades qui viennent nous consulter ». La grande majorité de ces mineurs est étrangère, mais elle provient à 50 % de pays européens. Et 65 % de ces enfants vivent en France depuis moins d’un an.

[http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/Acces-aux-soins—la-precarite-frappe-les-mineurs-de-plein-fouet-3971.html]

Médecins du Monde s’inquiète de l’afflux massif de Congolais chassés d’Angola, dans des conditions souvent violentes

Suite à l’ultimatum lancé en avril par le gouvernement angolais aux Congolais en situation irrégulière, de quitter le territoire, leur retour « volontaire » s’effectue à nouveau dans des conditions souvent violentes. L’afflux est massif : les services de santé sont engorgés par ces « retournés », qui manquent d’assistance. Médecins du Monde demande aux autorités angolaises de respecter leurs engagements internationaux, à la communauté internationale de se pencher sur ces violences, et aux acteurs humanitaires de se mobiliser.

Nombreux sont les Congolais qui cherchent un avenir meilleur en allant travailler dans le secteur minier de l’autre côté de la frontière, en Angola. Leur quête se termine souvent par leur exploitation, la violence et la peur. Des milliers d’entre eux sont arrêtés pour être déportés et atterrir dans les cachots situés à la frontière angolaise. Là, ils sont souvent violentés, avant d’être expulsés vers la RDC. Continuer la lecture