François Pernin: «Il faut agir sur les mécanismes de la pauvreté»

NTERVIEW – François Pernin est chef de service urologie à l’hôpital de la Miséricorde d’Ajaccio, mais aussi membre de la délégation régionale de Médecins du Monde, président de la Coordination inter-associative de lutte contre l’exclusion (CLE) et membre du Collectif contre la précarité (CCP). Intervenant au Festival du vent, il veut attirer l’attention sur la montée de la pauvreté, sous de nouvelles formes, et touchant des personnes jusque-là épargnées…

Quelles sont les différences entre pauvreté, précarité, exclusion?

Dans la pyramide des besoins de Maslow, le premier étage représente les besoins vitaux (se nourrir, se loger…). Quand ils ne sont pas assurés, on est dans la pauvreté. Le deuxième étage, c’est le besoin de sécurité, de vivre sans incertitude ni angoisse. Sans cela, on est dans la précarité. L’exclusion, c’est quand la société ne voit plus une personne.

A quoi voit-on la montée de la pauvreté en France? Continuer la lecture

Les 500 000 morts de la guerre en Irak

Une revue scientifique a établi la liste des victimes de la guerre de 2003 à 2011. Un bilan dantesque auquel s’ajoutent jour après jour de nouveaux morts.

Par Quentin Ravardy

À la une du Point.fr

À la fin de toute guerre vient l’heure de compter ses morts. C’était là toute la mission que s’était donnée la revue scientifique américaine Plos Medecine. En partenariat avec des universitaires américains et le soutien d’experts du ministère irakien de la Santé, elle dresse un bilan dantesque de dix années de violences, établi en 2011.

Entre l’invasion des forces de la coalition occidentales, venues faire tomber le régime de Saddam Hussein en 2003, et leur retrait définitif en 2011, près de 500 000 personnes ont perdu la vie sur le sol irakien. Un chiffre qui vient bousculer les précédentes estimations, notamment celle d’Iraq Body Count (projet de recensement des victimes) qui estimait les pertes à 115 000, et qui pourrait être encore bien en deçà de la vérité selon certains.

« Risque de mort » permanent

Cette nouvelle étude se démarque par sa funeste précision, 60 % des victimes ont péri durant les combats, 40 % sont mortes des conséquences indirectes du conflit. Un bilan auquel il faut ajouter environ 60 000 personnes décédées hors d’Irak après qu’elles eurent fui (majoritairement en Syrie et en Jordanie). « Cette étude fera réfléchir à deux fois (les États) sur les conséquences d’une invasion et fera prendre un peu plus conscience de son coût en vies », estime Amy Hagopian, experte en santé publique à l’université de Washington et membre du projet de recensement.

Ce travail de recherche, pourtant très compliqué dans un pays toujours en proie au chaos, a poussé la précision au point de détailler qui a tué et par quel moyen. Ainsi, on apprend au détour d’un paragraphe que 60 % des victimes du conflit ont été tuées par balles, environ 13 % dans des attaques à la voiture piégée et enfin 9 % dans des explosions diverses. Ce climat de violence permanent règne en Irak durant toute une décennie. Le « risque de mort » pendant ces dix années est trois fois plus important pour un homme que durant les années de dictature. Le taux de mortalité (selon des chiffres de Médecins du monde) a, lui, bondi, passant de 5,5 pour 1 000 avant l’invasion à 13,2 quarante mois après l’arrivée des Américains. Qui pointer du doigt pour ce dramatique bilan ? Les soldats de la coalition ? Continuer la lecture

Médecins du monde réclame l’accès à l’eau pour tous

Dans une tribune publiée vendredi dernier sur le site du Monde.fr, deux responsables de Médecins du Monde, Philippe Rodier, délégué régional à Marseille et Cendrine Labaume, coordinatrice générale dénoncent les difficultés d’accès à l’eau pour les personnes en difficulté. Dans le texte intitulé, « L’eau, un droit accordé au compte-gouttes », ils dénoncent une situation qu’ils estiment intolérable : « Dans cette ville, il n’y a ni toilettes publiques, ni bains douches, et les fontaines, quand elles ne sont pas cassées, se comptent sur les doigts de la main et plutôt dans les quartiers privilégiés que dans les quartiers pauvres ». Faute d’accès à l’eau potable, certaines maladies ont ainsi refait surface : hépatite A, impétigo, saturnisme.

A leurs yeux, l’immobilisme marseillais en la matière relève d’une véritable volonté politique. « Proposer l’eau potable en accès libre ou des bains-douches municipaux dans l’esprit des élus locaux reviendrait à tolérer les pauvres, voire à encourager leur venue », estiment ces deux responsables de l’association qui tient un centre d’accueil et de soins dans le centre-ville mais surtout distribue des bidons d’eau potable pour que les plus démunis y aient accès. « Au final, il s’agit de la même stratégie à court terme qui n’est pas de lutter contre la pauvreté, diagnostiquent-ils, mais de lutter contre les pauvres en les décourageant d’être là et ce, au mépris des droits les plus fondamentaux ».

Ils rappellent également que les organismes responsables – Préfecture, Mairie, Société des Eaux de Marseille et la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole – « ont été interpellés en vain sur l’application effective –et urgente en période caniculaire, de ce droit à l’eau et sur ses répercussions en termes de santé publique », surtout en période estivale comme dans le cas de ces Roms expulsés de Plombières qui s’étaient retrouvés en août sans eau potable dans un parc.

Medecin du monde en campagne

 

Pamiers. Medecin du monde en campagne

 

Pamiers. Medecin du monde en campagne
Pamiers. Medecin du monde en campagne

Dernièrement, des représentants de Médecins du monde ont sillonné Pamiers pour convaincre la population de l’importance de l’association. Le but est de garantir à tous un accès au soin. C’est une association militante qui a permis à faire évoluer la législation en matière de santé. Elle garantit une transparence budgétaire qui n’a pas d’équivalent : 78,5 % des dons sont utilisés pour des missions sociales, 15,5 en recherche et 6 % servent au fonctionnement de l’association.

La Dépêche du Mid

Nouvelle campagne de Médecins du Monde, axée sur son action en France

PARIS – Médecins du Monde (MDM) lance une nouvelle campagne d’appel aux dons axée sur son action en France, où l’ONG prend en charge chaque année plus de 50.000 personnes démunies, annonce-t-elle lundi dans un communiqué.

Intitulée Médecins du Monde, médecins de tout le monde, la campagne est relayée par le site tousmedecinsdumonde.org, qui chaque vendredi proposera un témoignage sonore de personnes aidées, de bénévoles et de salariés de l’association œuvrant en France, ainsi que sur la station de radio France Inter et le réseau Radio Bleue qui diffuseront la campagne.

Des photographies réalisées par Jérôme Sessini, de l’agence Magnum Photos, seront également montrées sur le site et dans la presse.

Les thèmes abordés sont aussi variés que les différentes missions de MDM dans l’Hexagone: bidonvilles en Seine-Saint-Denis, aide aux sans-abris à Strasbourg, Funambus allant à la rencontre des prostitué(e)s à Nantes, etc.

Le premier document sonore a été réalisé dans un bidonville rom de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Dans les bidonvilles de ce département le plus pauvre de France, plus de la moitié des consultations médicales dispensées par MDM concernent des enfants de moins de 16 ans, indique l’association dans un communiqué.

La campagne prendra fin le 17 octobre, journée internationale de lutte contre la misère, date à laquelle Médecins du Monde publie son rapport annuel de l’Observatoire de l’accès aux soins des plus démunis en France, explique l’ONG.

Ce baromètre annuel, élaboré à partir des informations recueillies sur le terrain, mesure la difficulté, voire la quasi impossibilité de se faire soigner quand on se trouve en condition de précarité ou d’exclusion. A l’heure où la crise (économique) jette un nombre sans cesse croissant de familles et de personnes seules dans la précarité, la solidarité devient plus que jamais indispensable, souligne MDM.

La France demeure l’un des pays qui compte le moins de pauvres en Europe, mais la pauvreté, après y avoir baissé sans discontinuer depuis le début des années 1970, a augmenté depuis le début des années 2000, et en particulier depuis le début de la crise économique en 2007.

(©AFP / 27 mai 2013 17h29)

A Lyon, l’errance des familles roms endeuillées

16 mai 2013 à 15:29
Des familles roms quittent l’usine désaffectée où l’incendie s’est déclaré, le 13 mai.

Reportage Les 200 Roms sinistrés après l’incendie de l’immeuble qu’ils squattaient passent leurs journées à attendre un abri que les associations désespèrent de trouver.
Par ANNE-CAROLINE JAMBAUD correspondance à Lyon

«C’est inhumain de les obliger à errer sous la pluie et par 7 degrés, après le drame qu’ils ont vécu», s’emporte Gilberte Renard, militante au CLASSES, collectif lyonnais pour la scolarisation des enfants des squats. Au surlendemain de l’incendie de leur squat qui a fait trois victimes, près de 200 Roms passent leurs journées dans le froid, entre le parc de Bron-Parilly et les rues du VIIIe arrondissement de Lyon. Le gymnase du collège qui leur sert d’hébergement d’urgence depuis le drame, sans doute pour quinze jours, ferme en effet ses portes de 10 heures à 15 heures. Ce jeudi matin, les Roms sont donc sortis, avec pour tout viatique un régime de bananes et un paquet de pain de mie donnés par Médecins du monde.
«Le gouvernement doit se saisir de la question de l’intégration des Roms»

Recueilli par Amandine Cailhol

Coïncidence de calendrier, au lendemain de l’incendie du squat de Roms à Lyon lundi, le Premier ministre, accompagné des ministres Cécile Duflot (Logement), Manuel Valls (Intérieur) et Marie-Arlette Carlotti (Lutte contre l’exclusion), rencontrait ce mardi matin le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées (CAU) et le collectif Romeurope. Reçus une première fois à Matignon, en novembre 2012, les représentants des principales associations d’hébergement et d’accès au logement avaient adressé, le 3 mai dernier, une lettre au Premier Ministre. Le but: alerter le gouvernement sur la précarisation croissante des mal-logés et notamment des Roms. A l’occasion de cette seconde audience, Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde, a refait part de ses inquiétudes, au nom du collectif Romeurope.

A lire l’interview de Thierry Brigaud, président de Médecins du monde

Etes-vous satisfait des réponses apportées par le gouvernement au cours de la réunion de ce matin ?

J’ai l’impression que le ton a changé : le Premier ministre a clairement affiché sa volonté d’appliquer la circulaire du 26 août 2012, de mener une véritable politique d’intégration et de rompre avec la stigmatisation des Roms. Je reste cependant sur la réserve face à un double discours, tenu notamment par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui, tout en reprenant les objectifs positifs du Premier ministre, maintient sa ligne directrice focalisée sur les expulsions. Son discours est très clair : la loi dit qu’il faut expulser, donc j’expulse. Continuer la lecture