Médecins du Monde : « On a évacué six camps de Roms à Bordeaux, cinq autres se sont reformés »

L’association confirme l’état des lieux fourni par la préfecture à Bordeaux : à savoir près de 400 Roms, recensés dans une quarantaine de squats dans l’agglomération. Ces squats se déplacent dangereusement, selon elle, en périphérie de la ville, notamment dans la zone Sévéso de Bassens pour échapper aux expulsions.

« Nous avons en Gironde un accompagnement conséquent des populations Roms et des moyens satisfaisants. »

La reponsable associative reconnaît à la préfecture l’amélioration de la situation avec le suivi qui découle de la circulaire Valls. Elle dénonce cependant un problème dans l’élaboration du diagnostic, les associations comme Médecins du Monde par exemple n’étant pas sollicitées.

Lettre au Président de la République

Monsieur François Hollande
Président de la République
Palais de l’Elysée

Paris, le 30 septembre 2013

Monsieur le Président de la République,

C’est un appel à une parole forte de votre part sur les valeurs qui fondent notre République que nous vous adressons aujourd’hui.

Les propos récents du ministre de l’Intérieur à l’égard de personnes désignées comme « roms » sont insupportables.

Reconnaître les difficultés et les tensions qui peuvent naître dans un certain nombre de communes du fait des conditions de vie très précaires des familles qui vivent dans des bidonvilles est une chose. Mais cibler une population entière, sur la seule base de son appartenance ethnique, réelle ou supposée, comme étant non intégrable et devant être éloignée du territoire français est de toute autre nature !

Cette posture est contraire à toutes les valeurs que nous défendons. C’est non seulement le pacte républicain qui est ainsi remis en cause, ce sont les fondements mêmes d’une société démocratique respectueuse de chacune et chacun qui sont fragilisés.

Le 13 septembre, nous sommes venus vous dire que dans la période difficile que connaît la société française, inquiète et tentée par des réactions de rejet ou par le recours aux populismes, la parole du Président de la République était nécessaire et attendue. Les valeurs cardinales de la République, celles de justice, de cohésion sociale, de solidarité, de respect de la dignité de chacun doivent être rappelées.

Vous nous avez alors répondu, en nous donnant l’espoir d’une intervention de votre part, que la France devrait être à la hauteur du « pacte de dignité » auquel elle est tenue à l’égard de tous, Français comme étrangers.
Qu’en est-il aujourd’hui quand, en stigmatisant une population entière et en la désignant comme indésirable, le ministre de l’Intérieur va à l’exact opposé de cette ambition ?

Monsieur le Président de la République, pour nos associations et le collectif Romeurope qui se joint à notre démarche, votre expression publique n’est plus seulement attendue. Elle est à présent indispensable. Votre silence sur ces questions cruciales deviendrait rapidement incompréhensible, voire vaudrait approbation d’un discours et d’une dérive à laquelle au nom des valeurs qui nous rassemblent, nous nous sommes toujours opposés, et à laquelle, nous continuerons à nous opposer avec détermination.

Pour les associations

François Soulage,
Président du Secours Catholique

Geneviève Jacques,
Présidente de la Cimade

Guy Aurenche,
Président du CCFD – Terre Solidaire

Franz Valli,
Président d’Emmaüs-France

Louis Gallois,
Président de la FNARS, fédération nationale des associations de réinsertion sociale

Thierry Brigaud,
Président de Médecins du Monde

Alexandre Le Clève,
Pour le Collectif Romeurope

Roms : «Un pas très grave a été franchi»

Pour Jean-François Corty, de Médecins du monde, le débat politique actuel entretient les stéréotypes.

Le docteur Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, déplore la stigmatisation «délétère» des Roms.
Comment percevez-vous les débats récurrents autour de la population rom ?

Il est dramatique que cela prenne autant de place dans l’espace public. On part sur de mauvaises bases, avec des stéréotypes et des clichés stigmatisants. Cette surenchère est malvenue, alors que l’on ne parle que de 15 000 à 20 000 personnes. Il y a des questions à résoudre, mais de là à en faire une question globale, c’est un très grave pas de franchi.

Médecins du Monde

L’association Médecins du Monde plaide pour le maintien d’une couverture de santé universelle en Europe, où les mesures d’austérité entraînent une exclusion croissante de l’accès aux soins pour des populations déjà vulnérables.

Selon les données recueillies par l’association auprès de 8.412 patients examinés en 2012 dans 14 villes européennes, 20 % d’entre eux avaient été privés d’accès aux services de santé au cours des 12 derniers mois.

Le sort des Roms, un débat occulté dans la campagne

Stigmatisés, fréquemment expulsés, les Roms ont vu leurs conditions de vie se dégrader ces dernières années en France, s’émeut dans un récent rapport le collectif Romeurope, qui presse les candidats à l’Elysée de s’engager à respecter les droits de ces citoyens européens.

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a critiqué mercredi la politique gouvernementale à l’égard des Roms, déplorant les « discriminations dont souffrent ces personnes » et regrettant l’absence de « réelle stratégie » sur ce sujet.

« Nous constatons depuis plusieurs années une dégradation massive des conditions de vie des Roms vivant en France », estimés à quelque 20 000, renchérit le directeur général de Médecins du Monde, Jean-François Corty, dont l’association est membre du collectif Romeurope.
« Il existe une intention objective de leur nuire et de les dissuader de rester sur le territoire », explique le médecin, qui dénonce une « culture du bouc émissaire en période de crise », visant ces membres de la minorité la plus pauvre d’Europe, majoritairement originaires de Roumanie et de Bulgarie. Continuer la lecture

Manifeste 2012 pour l’enfance Mayotte : les orphelins de la République

Depuis mars 2011, l’île de Mayotte, dans l’archipel des Comores, est devenue un département français d’Outre-Mer. Mais malgré ce statut de département français, la situation des enfants y est préoccupante, tant sur le plan sanitaire que sur le plan juridique. Ceux dont les parents sont originaires d’autres îles comoriennes et considérés en situation irrégulière, sont expulsés, sont nombreux à se retrouver isolés ou pris en charge par des familles d’accueil, en violation patente de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), pourtant ratifiée par la France. Un reportage réalisé par Renaud Eletufe pour Médecins du Monde. Ces images font écho à l’Engagement 8 du Manifeste pour l’enfance de l’Unicef.

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