Quelles sont les missions de Médecins du Monde à Calais ?

 

Dans notre édition du 17 juillet, le maire de Calais Natacha Bouchart, critiquait ouvertement la présence et le rôle des militants No Border auprès des migrants, allant jusqu’à déclarer : « Médecins du Monde est piloté par des No Borders. Cécile Bossy (coordinatrice de Médecins du Monde, NDLR) est No Border. » La réaction de la structure visée par le maire n’a pas tardé à venir, de la voix du docteur Martine Devries, responsable de la mission Migrants du littoral 59/62. Le médecin en profite également pour présenter les actions de la structure auprès des migrants à Calais. « La mission Migrants du Littoral 59/62 de MdM a à cœur de favoriser, et d’améliorer la santé des personnes précaires, françaises ou étrangères, migrants, qu’ils soient de passage dans notre région, ou établis depuis quelque temps. Un des moyens pour améliorer la santé des gens est de favoriser leur accès aux soins, quelles que soient les modalités du soin : médecine de ville, urgences de l’hôpital, Pass, ou dispositif spécifique temporaire, ce qu’était le projet de traitement des personnes victimes d’une épidémie de gale en mai dernier. » Pour le médecin, le travail de MdM n’avait pas été reconnu à sa juste valeur à l’époque : « La préfecture a fait une réunion d’information pour expliquer les modalités choisies. Ces modalités nous sont apparues comme inadaptées, sur plusieurs points, notamment les douches, indispensables dans le cadre du traitement d’une épidémie de gale. Elles étaient prévues le lendemain de la prise de traitement – ce qui se justifiait mais demandait de fournir des explications aux personnes concernées, et donc aurait nécessité la présence d’interprètes.

Le traitement lui-même a été réalisé un soir, sur le lieu et au moment de la distribution alimentaire, en public, sans aucun espace de confidentialité. Il n’y avait pas d’interprète, pas d’examen clinique possible, ni rien qui ressemble à une consultation médicale. A aucun moment, les bénévoles de MdM n’ont essayé de dissuader les personnes de prendre le traitement. » Le lendemain de la prise du traitement, les camps de la Batellerie et de la rue Lamy étaient démantelés par les forces de l’ordre. Continuer la lecture

Syrie : La « fabrique » de réfugiés (Médecins du Monde)

Par : Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde, Henry Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d’Histoire Contemporaine du Monde Arabe, Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France

Tribune publiée dans Libération du 27 juin 2014

Avec la crise syrienne, le droit international est durablement bafoué. Les populations civiles ne sont pas protégées, pire encore, elles sont systématiquement prises pour cible. Après  trois ans, cette guerre civile affiche un bilan effarant : 170 000 morts, près de 3 millions de réfugiés, 6 millions de déplacés internes [i].  Dès janvier 2013, le Programme Alimentaire Mondial et les acteurs de terrain constatent que l’aide humanitaire arrive essentiellement dans les zones contrôlées par l’Etat. L’ensemble des organismes internationaux continuent de respecter assez scrupuleusement les accords qui les lient à l’Etat syrien. Un certain nombre de gouvernements occidentaux continuent de refuser de financer des activités dites de cross- border (transfrontalières), là encore en prétextant le respect de la souveraineté syrienne.

Pourtant, les informations  qui nous recevons prouvent que les Syriens sont chaque jour confrontés à l’horreur. Guerre civile sans loi, mise en place d’une terreur d’Etat, bombardements au TNT en barils sur des zones civiles, utilisation d’armes chimiques, sièges de villes pour affamer les populations, professionnels de la santé pris pour cibles … Cette crise conduit à une « épuration »  car une partie de la population est contrainte de chercher un refuge hors du pays. Continuer la lecture

Médecins du Monde au Canada

PIERRE SAINT-ARNAUD
La Presse Canadienne
Montréal

À défaut d’aller chercher des services médicaux, les itinérants et autres clientèles vulnérables verront ces services se déplacer jusqu’à eux.

L’organisme Médecins du Monde Canada mettra en service la semaine prochaine sa toute nouvelle clinique médicale mobile.

Il s’agit d’un véhicule muni de tout l’équipement pour des consultations médicales à bord duquel prendront place un médecin bénévole, une infirmière – ou un infirmier, selon le cas – et d’autres bénévoles, notamment des travailleurs sociaux.

«Ce sont des médecins qui nous donnent des heures de travail gratuitement, après leurs heures régulières», a tenu à souligner le directeur général de Médecins du Monde Canada, Roch Harvey.

Le véhicule sillonnera les rues de Montréal pour aller à la rencontre de personnes marginalisées.

«Avec la clinique mobile, on va se déplacer vers les lieux où on retrouve les besoins, dans les parcs, dans les ruelles», a expliqué M. Harvey.

L’intervention mobile offre le double avantage de donner un accès facile aux personnes vulnérables et de faciliter leur intégration au réseau de la santé.

«Ça s’adresse à des personnes qui sont dans la rue, qui vivent en itinérance, qui ne fréquentent pas les cliniques ou les CLSC parce qu’elles n’ont pas de carte d’assurance-maladie. Elles sont désorganisées, souvent ce sont des utilisateurs de drogue, certains ont des problèmes de santé mentale», a indiqué M. Harvey.

Cette clientèle se retrouve trop souvent marginalisée et pas nécessairement par choix, souligne-t-il.

«Ce sont des gens qui, pour différentes raisons, ne vont pas se faire soigner. Parfois, ils sont mal reçus quand ils vont dans les cliniques, ou ils n’ont pas de carte d’assurance-maladie, ils l’ont perdue. Nous, on apporte les soins à ces personnes», a-t-il dit.

Le projet est financé en partie par les pouvoirs publics, mais surtout par l’Oeuvre Léger et des donateurs privés.

Médecins du Monde a obtenu des succès considérables avec des projets similaires ailleurs, notamment en France et en Grèce.

Les 500 000 morts de la guerre en Irak

Une revue scientifique a établi la liste des victimes de la guerre de 2003 à 2011. Un bilan dantesque auquel s’ajoutent jour après jour de nouveaux morts.

Par Quentin Ravardy

À la une du Point.fr

À la fin de toute guerre vient l’heure de compter ses morts. C’était là toute la mission que s’était donnée la revue scientifique américaine Plos Medecine. En partenariat avec des universitaires américains et le soutien d’experts du ministère irakien de la Santé, elle dresse un bilan dantesque de dix années de violences, établi en 2011.

Entre l’invasion des forces de la coalition occidentales, venues faire tomber le régime de Saddam Hussein en 2003, et leur retrait définitif en 2011, près de 500 000 personnes ont perdu la vie sur le sol irakien. Un chiffre qui vient bousculer les précédentes estimations, notamment celle d’Iraq Body Count (projet de recensement des victimes) qui estimait les pertes à 115 000, et qui pourrait être encore bien en deçà de la vérité selon certains.

« Risque de mort » permanent

Cette nouvelle étude se démarque par sa funeste précision, 60 % des victimes ont péri durant les combats, 40 % sont mortes des conséquences indirectes du conflit. Un bilan auquel il faut ajouter environ 60 000 personnes décédées hors d’Irak après qu’elles eurent fui (majoritairement en Syrie et en Jordanie). « Cette étude fera réfléchir à deux fois (les États) sur les conséquences d’une invasion et fera prendre un peu plus conscience de son coût en vies », estime Amy Hagopian, experte en santé publique à l’université de Washington et membre du projet de recensement.

Ce travail de recherche, pourtant très compliqué dans un pays toujours en proie au chaos, a poussé la précision au point de détailler qui a tué et par quel moyen. Ainsi, on apprend au détour d’un paragraphe que 60 % des victimes du conflit ont été tuées par balles, environ 13 % dans des attaques à la voiture piégée et enfin 9 % dans des explosions diverses. Ce climat de violence permanent règne en Irak durant toute une décennie. Le « risque de mort » pendant ces dix années est trois fois plus important pour un homme que durant les années de dictature. Le taux de mortalité (selon des chiffres de Médecins du monde) a, lui, bondi, passant de 5,5 pour 1 000 avant l’invasion à 13,2 quarante mois après l’arrivée des Américains. Qui pointer du doigt pour ce dramatique bilan ? Les soldats de la coalition ? Continuer la lecture

Haïti : « les autorités devraient être en mesure de prendre tout en charge »

Le 12 janvier 2010, un séisme destructeur frappait l’île d’Haïti, faisant 300.000 morts et disparus, plus de 300.000 blessés et près de 1,5 millions de sans-abri. L’émoi et la consternation de la communauté internationale ont provoqué l’afflux massif de dons et d’ONG. Où en est Haïti avec l’aide humanitaire et quels sont ses besoins ? Rencontre avec Céline Beaudic, responsable d’Haïti pour Médecins du Monde.

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Les ONG ont mis sur pied des cliniques mobiles qui se sont transformées en des centres de santé temporaires, avant d’être reprises par les autorités sanitaires du pays. Photo : THONY BELIZAIRE / AFP

Quelle est la situation humanitaire de Haïti ?
L’île va mieux. Nous ne sommes plus dans une période de crise mais de reconstruction. Je dirais qu’aujourd’hui, Haïti est redevenue ce qu’elle était avant la catastrophe. Au niveau du système de santé, cela signifie payant et pas au top. Médecins du Monde est d’ailleurs présent sur l’île depuis 1989, sur de multiples urgences : cyclones, tremblement de terre, épidémie, famine, etc. Pour ce qui est de l’épidémie de choléra, qui a frappé le pays en octobre 2010, contaminé près de 700.000 personnes et fait quelque 7.500 victimes, nous sommes passés de la phase épidémique à la phase endémique. Mais la maladie n’est pas éradiquée. Et près de 360.000 personnes sont toujours sans-abri.

Quel est le travail des ONG, et notamment celui de Médecins du Monde ? Continuer la lecture