» Vous auriez une petite minute à nous consacrer ? « 

La semaine passée, comme souvent, des jeunes gens en t-shirt arpentaient les rues de la ville pour le compte d’une ONG. Comment fonctionne ce système ?

Nous sommes là pour vous aider à passer d’une conviction à une action ! Aux passants de la rue Victor-Hugo, Guillaume affichait son plus beau sourire. Ils étaient neuf avec lui, à représenter ainsi l’ONG (Organisation non gouvernementale) Médecins du Monde la semaine dernière, et à essuyer environ huit refus sur dix personnes interpellées. Ils demandaient une promesse de don de 8 € par mois minimum, qui peut prendre fin dès que le donateur le souhaite.

Chacun a sa petite astuce pour aborder les passants

Guillaume, le plus jeune de l’équipe, ex-commercial, a 22 ans, mais la plupart de ses camarades sont trentenaires. Ils partent pour une mission de cinq semaines dans l’ouest de la France et sont payés à l’heure. Pour Loïc, régisseur lumière le reste de l’année, il s’agit avant tout « de défendre des valeurs que je partage et faire de l’humain, d’être en contact avec les gens pour en aider d’autres ». Dounia, 26 ans, coordonnatrice de projet pour différentes associations, confie quant à elle s’investir d’abord « par plaisir ».  Continuer la lecture

Salle de consommations à moindre risques

VIH et VHC chez les usagers de drogues : l’éducation par les pairs réduit le risque infectieux.

Une étude menée conjointement par l’ANRS, AIDES, Médecins du Monde et l’INSERM apporte des éléments en faveur de l’accompagnement et de l’éducation à l’injection des usagers de drogues. Elle évalue pour la première fois l’impact d’un accompagnement et d’une éducation à l’infection délivrée par des pairs sur les pratiques à risque de transmission du VIH et du VHC.

L’étude ANRS AERLI (Accompagnement et éducation aux risques liés à l’injection) menée les Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD) dans 14 villes de France a inclus 240 usagers de drogues par voie intraveineuse : 113 recrutés dans 8 centres ; un groupe témoin de 127 consommateurs comparables en termes d’histoire d’injection de drogues, d’âge et de sexe, a été recruté dans 9 autres centres.« Généralement, il s’agit de personnes très précarisées, voire marginalisées, polyconsommateurs ayant des pratiques à risque », commente Perrine Roux (INSERM U912, Marseille).

Une baisse d’environ 40 % Continuer la lecture

Prise en charge des personnes vulnérables : FHF et Médecins du Monde s’engagent

La FHF (Fédération hospitalière de France) et Médecins du Monde ont décidé d’unir leurs forces pour que les plus fragiles ne soient pas oubliés dans la stratégie nationale de santé ni dans la future loi de santé. Dans un rapport intitulé : « La prise en charge des personnes vulnérables : agir ensemble à l’hôpital et dans le système de santé », ils formulent 35 propositions se regroupant en neuf axes :

  • Renforcer la place des permanences d’accès aux soins de santé (Pass) dans les établissements de santé,
  • Développer et diversifier les dispositifs hospitaliers,
  • Soutenir les professionnels hospitaliers et s’engager résolument à leurs côtés,
  • Consolider la dimension territoriale de l’action des hôpitaux,
  • Réviser les modes de financement,
  • Garantir l’accès aux droits à l’assurance et à la complémentaire maladie,
  • Réaffirmer le rôle d’acteur des usagers,
  • Lancer des programmes de formation des professionnels à la thématique « vulnérabilité et santé »,
  • Promouvoir l’enseignement et la recherche universitaire autour des problématiques de la vulnérabilité.

Ces propositions doivent « permettre de lutter contre le non respect des droits, de développer des filières d’accès aux soins adaptées à la situation sociale des personnes ou encore de dépasser les barrières culturelles et financières qui se dressent entre les personnes vulnérables et les lieux de soins et de prévention », indiquent les associations dans un communiqué commun.

…En savoir plus…

Consulter le Rapport FHF et Médecins du Monde

Future Loi de santé : ne pas oublier les plus fragiles

Future Loi de santé : ne pas oublier les plus fragiles

Frédéric VALLETOUX, Président de la Fédération Hospitalière de France, et Thierry BRIGAUD, Président de Médecins du Monde

 

Depuis la loi d’orientation de 1998 relative à la lutte contre les exclusions, de nombreuses mesures législatives ont été engagées et une multitude de rapports ont été publiés. Pourtant, notre système de santé reste traversé par d’importantes inégalités. Les personnes les plus vulnérables sont souvent en moins bonne santé et ont de plus grandes difficultés à accéder aux soins et aux actions de prévention. Sur le terrain, les hôpitaux publics sont souvent seuls, avec quelques associations, dont Médecins du Monde, à assumer la mission de prise en charge des plus précaires.

 

Il y a urgence à agir pour inventer un nouveau modèle. Alors que le président de la République a hissé la santé au rang de priorité du futur pacte de solidarité, nous appelons le gouvernement à traduire ces intentions en actes. La lutte contre les vulnérabilités doit être au cœur de la future loi de santé publique. La Fédération Hospitalière de France et Médecins du Monde partagent cette ambition d’agir pour préserver un système de santé de qualité, solidaire et ouvert à tous.

 

Pour la première fois, nous avons mené une réflexion commune afin d’élaborer des propositions concrètes. A l’issue de ce travail qui a mobilisé de nombreux experts et acteurs du monde de la santé, la FHF et Médecins du Monde versent au débat 35 propositions pour améliorer la prise en charge des personnes les plus fragiles. Ces propositions s’inscrivent dans trois priorités qui doivent guider la future politique de santé.

 

Il s’agit d’abord de conforter le rôle de l’hôpital dans l’accueil des plus vulnérables. Tant pour des raisons éthiques que pour répondre, de manière opérationnelle, aux besoins des populations les plus fragiles, il nous faut défendre un service public accessible à tous. Ce service public doit s’appuyer sur la coopération avec l’ensemble des acteurs du secteur sanitaire et social. La question du financement public de l’accueil des plus fragiles doit également être posée. La tarification à l’activité n’est pas adaptée à la complexité sociale de certaines prises en charge. L’insuffisance de moyens et l’inadéquation des modes de financement freinent le développement de certaines actions à destinations de publics fragiles et pose la question de la pérennité de nombreux dispositifs. Il apparaît nécessaire de soutenir financièrement les établissements publics dans leurs actions en sanctuarisant les moyens alloués et en confortant les financements.

 

La deuxième priorité doit être de replacer l’hôpital au cœur des territoires. Pour accueillir au mieux les plus fragiles, l’hôpital doit continuer à s’ouvrir à son territoire. Cette ouverture aux autres acteurs, où qu’ils soient et quel que soit leur statut, leur mode d’intervention, est la seule voie qui permette de croiser les regards, de créer des réseaux, de faire émerger des dispositifs innovants et de quitter les référentiels strictement médicaux. Définir une stratégie de soins avec un patient sans domicile fixe, ou un patient migrant sans titre de séjour, impose de prendre en compte les impasses administratives, les limites des possibilités d’hébergement, et oblige à mobiliser tous les acteurs de proximité. Les contrats locaux de santé constituent un des outils qui doit permettre ces approches collectives et complémentaires.

 

La troisième priorité est celle de la participation des patients au système de santé. Ce débat dépasse le périmètre de la précarité mais se trouve aiguisé par l’absence de représentation organisée et souvent du rejet des patients en situation d’exclusion sociale. Or, le travail de médiation sanitaire et les connaissances profanes des patients, sont des leviers pertinents. Ne pas utiliser ces forces serait une erreur, il y va de notre démocratie en général, de notre démocratie sanitaire en particulier de favoriser une participation active des usagers, et, notamment, de ceux qui connaissent ou ont connu une situation de fragilité ou d’exclusion sociale.

 

Les modes d’exercice des professionnels doivent également évoluer. Les patients en situation de vulnérabilité sociale sont des patients complexes. Il est nécessaire que les professionnels de santé ne s’en tiennent pas au seul aspect biomédical et prennent le temps d’analyser la trajectoire de ces patients qui cumulent des fragilités. L’enjeu est d’inventer un modèle de coordination entre une médecine standardisée et une pratique médicale personnalisée qui prend en compte l’environnement des personnes. Les permanences d’accès aux soins de santé, les réseaux santé-précarité, ou les coopérations entre des services hospitaliers et médico-sociaux, sont autant de dispositifs qui favorisent les soins coordonnés, une approche transversale et qui permettent de développer la recherche et la formation sur les questions de santé et vulnérabilités sociale. Nous devons nous appuyer sur ces fondations pour construire une offre de soins adaptée aux besoins du patient et conforme à notre exigence de solidarité.

Notre système de santé est à la veille de choix fondamentaux. Contrairement à ce qu’expriment certaines voix qui appellent à une plus forte marchandisation des soins, la santé ne sera jamais un bien comme les autres. Les bases historiques de notre système, les valeurs d’ouverture et de solidarité, font toujours sens et perdureront dans le monde de demain. La future Loi de santé ne doit pas oublier les plus fragiles. Plus que jamais, ces patients nous poussent aujourd’hui à nous mobiliser pour construire des réponses de soins solidaires … à hauteur d’Homme.

 

Abécédaire de la solidarité de Médecins du Monde.

Expo Abécédaire de la solidarité de Médecins du Monde

A l’occasion des élections municipales, Médecins du Monde lance une exposition itinérante pour informer les citoyens sur les responsabilités de leurs élus dans la lutte contre les inégalités sociales et territoriales de santé.

 Inaugurée le 11 mars à Paris, l’exposition «L’Abécédaire de la solidarité» de Médecins du mondesera présentée jusqu’au 29 mars dans 8 villes de France (Paris, Rouen, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Toulouse, Aix et Bègles).

A travers cette exposition (et à travers l’enquête menée dans 14 communes dont nous nous étions fait l’écho), Médecins du Monde souhaite, à la veille des élections municipales, rappeler aux élus leurs responsabilités en termes d’accès aux soins et aux droits des plus démunis. Au-delà de l’enjeu de santé publique, c’est pour l’ONG une manière d’affirmer des valeurs de solidarité. A partir de photos du grand reporter Jérôme Sessini et de dessins de l’illustrateur Joël Guenoun, Médecins du Monde donne à voir et penser des réalités souvent inquiétantes et qui relèvent pourtant de la responsabilité des communes et d’une vision solidaire du « vivre ensemble ».