Médecins du Monde : le diagnostic social des patients

 

8 millions de pauvres en France en 2009… C’est le chiffre publié par l’Insee en août dernier. Au final, il y a deux ans, 13,5% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 954 euros mensuels.

Chez Médecins du Monde qui vient de diffuser une radiographie de l’accès aux soins des plus démunis, la quasi totalité des patients – 98% – vit sous ce seuil de pauvreté, et pourtant près d’un petit tiers des patients indiquent exercer une activité.

En tout cas, depuis 2008, les centres d’accueil de soins et d’orientation de Médecins du Monde ne désemplissent pas. Les consultations ont progressé de 10%, dépassant les 38 600 visites en 2010.

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Nantes : Une médecine à deux vitesses

L’antenne nantaise de Médecins du monde est inquiète. Et elle le fait savoir. À l’occasion de la Journée du refus de la misère, elle rend son rapport annuel sur l’état de santé des plus démunis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est guère brillant. L’an passé, 300 personnes ont poussé la porte du centre d’accueil, de soins et d’orientation (Caso) de la rue Fourré à Nantes. Médecins, infirmiers, psy et assistants sociaux y ont assuré près d’un millier de consultations.

Poussée de fièvre à l’ONG Solidarité Médecins du monde apporte assistance aux plus démunis

Hanane a 6 ans. Dans le hall de Médecins du monde (MDM), association humanitaire qui soigne les populations les plus vulnérables sans conditions de droit, elle joue à la poupée et « aux pirates, en attendant le docteur ». Autour d’elle, d’autres enfants s’amusent avec des livres d’images. De plus en plus de parents amènent leurs enfants consulter l’ONG. « Quand ils sont malades, les parents les transportent aux urgences où une ordonnance est établie. Mais sans argent, ils ne peuvent pas acheter les médicaments. Donc le lendemain, ils viennent ici », explique Cendrine Labaume, coordinatrice de l’association à Marseille.

Plus de 10 000 personnes par an
Pourtant, en France, les mineurs sont de fait éligibles à une couverture maladie. « 80 % des personnes qui viennent nous voir pourraient avoir une couverture maladie, précise Cendrine Labaume. Mais, en quelques années, la France a tellement complexifié l’accès à ce droit que c’est maintenant le parcours du combattant, même si l’assistante sociale est là pour les aider. » A Marseille, le deuxième plus grand centre de France après celui de Saint-Denis, les médecins bénévoles de MDM reçoivent plus de 10 0000 personnes par an. En 2003, 8 700 personnes ont été soignées grâce à l’association. Et chaque matin, ils sont une soixantaine à venir consulter. « On a atteint le niveau de saturation, lâche un médecin. Ce n’est pas possible de recevoir davantage de patients. » La salle d’attente ne désemplit pas. Quelques personnes préfèrent patienter dans la rue. A la sortie, Hanane est radieuse. « Je n’ai rien, je n’ai pas eu de piqûre »,

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Les expulsions compliquent le travail de prévention sanitaire

Dans les équipes de Médecins du monde, l’inquiétude est flagrante. L’exaspération aussi, face aux difficultés rencontrées pour lutter contre les épidémies. « La rougeole, la tuberculose, ces maladies infectieuses n’ont jamais vraiment disparu. Mais à partir du moment où les poches de pauvreté se développent comme aujourd’hui, il est logique qu’elles progressent », estime le Dr Jeanine Rochefort, responsable du centre de soins de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Au tableau, elle ajoute la gale, cette maladie de peau qui prolifère auprès des populations qui n’ont pas accès à l’eau potable.

Depuis 2010, un dépistage ciblé de la tuberculose auprès des populations venant de pays où l’incidence est plus forte a été mis en place en Seine-Saint-Denis. Chaque semaine, des camions équipés se déplacent au centre de soins de l’ONG et dans des foyers de migrants. Dans ce département, le plus touché, l’incidence est de 30 pour 100 000 habitants. Auprès de la population rom, elle est plutôt de 300.

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Docteur Olivier Bernard : « Nous craignons de glisser vers une crise humanitaire en 2012 »

Médecins du monde rend public ce matin un baromètre aux constats inquiétants sur la santé des plus démunis.

Dans votre baromètre, vous n’hésitez pas à évoquer un « krach sanitaire » frappant les personnes pauvres. Qu’est-ce qui vous conduit à cette conclusion ?

Olivier Bernard : Ce n’est pas qu’une formule pour marquer les esprits sur fond de crise économique. Au cours de l’année 2010, nos centres médicaux et nos équipes mobiles ont réalisé 38 606 consultations, soit 10 % de plus qu’en 2009. Les pathologies sont de plus en plus lourdes. Près d’un patient sur quatre, désormais, vient se soigner chez nous trop tardivement, alors qu’ils n’étaient que 11 % en 2008.

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Médecins du Monde auprès des migrants

Particulièrement vulnérables, les migrants vivent dans des conditions sanitaires insalubres. Depuis la fermeture du centre de Sangatte, MdM leur propose des consultations médicales, mais aussi un soutien logistique d’urgence en distribuant du matériel de survie (jerricanes, vêtements de pluie, couvertures…). Interview de Mathieu Quinette, coordinateur du programme Migrants Nord littoral. Images de Sofi Van Baren.