Exclusion Médecins du Monde inquiet pour les enfants

L’accès aux soins des plus démunis se dégrade. Médecins du monde constate dans son rapport annuel paru aujourd’hui une hausse des consultations dans ses centres qui accueillent en France les population les plus fragiles.

L’association tire la sonnette d’alarme sur deux points en particulier : le retard des soins pour les femmes enceintes et l’augmentation du nombre de mineurs qui font appel à son aide (+ 69% en 5 ans).

Avec 30 560 patients, l’activité de Médecins du monde a progressé de 33 % depuis 2008.

Son constat : les malades socialement en difficulté ont recours aux soins de façon trop tardive, ce qui pose des problèmes sanitaires.

L’association souhaite notamment une simplification des dispositifs de droit d’accès aux soins, qui sont trop compliqués, pour permettre de mieux prendre en charge ces patients.

À Paris, E.B.

Médecins du Monde : « On a évacué six camps de Roms à Bordeaux, cinq autres se sont reformés »

L’association confirme l’état des lieux fourni par la préfecture à Bordeaux : à savoir près de 400 Roms, recensés dans une quarantaine de squats dans l’agglomération. Ces squats se déplacent dangereusement, selon elle, en périphérie de la ville, notamment dans la zone Sévéso de Bassens pour échapper aux expulsions.

« Nous avons en Gironde un accompagnement conséquent des populations Roms et des moyens satisfaisants. »

La reponsable associative reconnaît à la préfecture l’amélioration de la situation avec le suivi qui découle de la circulaire Valls. Elle dénonce cependant un problème dans l’élaboration du diagnostic, les associations comme Médecins du Monde par exemple n’étant pas sollicitées.

Lettre au Président de la République

Monsieur François Hollande
Président de la République
Palais de l’Elysée

Paris, le 30 septembre 2013

Monsieur le Président de la République,

C’est un appel à une parole forte de votre part sur les valeurs qui fondent notre République que nous vous adressons aujourd’hui.

Les propos récents du ministre de l’Intérieur à l’égard de personnes désignées comme « roms » sont insupportables.

Reconnaître les difficultés et les tensions qui peuvent naître dans un certain nombre de communes du fait des conditions de vie très précaires des familles qui vivent dans des bidonvilles est une chose. Mais cibler une population entière, sur la seule base de son appartenance ethnique, réelle ou supposée, comme étant non intégrable et devant être éloignée du territoire français est de toute autre nature !

Cette posture est contraire à toutes les valeurs que nous défendons. C’est non seulement le pacte républicain qui est ainsi remis en cause, ce sont les fondements mêmes d’une société démocratique respectueuse de chacune et chacun qui sont fragilisés.

Le 13 septembre, nous sommes venus vous dire que dans la période difficile que connaît la société française, inquiète et tentée par des réactions de rejet ou par le recours aux populismes, la parole du Président de la République était nécessaire et attendue. Les valeurs cardinales de la République, celles de justice, de cohésion sociale, de solidarité, de respect de la dignité de chacun doivent être rappelées.

Vous nous avez alors répondu, en nous donnant l’espoir d’une intervention de votre part, que la France devrait être à la hauteur du « pacte de dignité » auquel elle est tenue à l’égard de tous, Français comme étrangers.
Qu’en est-il aujourd’hui quand, en stigmatisant une population entière et en la désignant comme indésirable, le ministre de l’Intérieur va à l’exact opposé de cette ambition ?

Monsieur le Président de la République, pour nos associations et le collectif Romeurope qui se joint à notre démarche, votre expression publique n’est plus seulement attendue. Elle est à présent indispensable. Votre silence sur ces questions cruciales deviendrait rapidement incompréhensible, voire vaudrait approbation d’un discours et d’une dérive à laquelle au nom des valeurs qui nous rassemblent, nous nous sommes toujours opposés, et à laquelle, nous continuerons à nous opposer avec détermination.

Pour les associations

François Soulage,
Président du Secours Catholique

Geneviève Jacques,
Présidente de la Cimade

Guy Aurenche,
Président du CCFD – Terre Solidaire

Franz Valli,
Président d’Emmaüs-France

Louis Gallois,
Président de la FNARS, fédération nationale des associations de réinsertion sociale

Thierry Brigaud,
Président de Médecins du Monde

Alexandre Le Clève,
Pour le Collectif Romeurope

Médecins du monde réclame l’accès à l’eau pour tous

Dans une tribune publiée vendredi dernier sur le site du Monde.fr, deux responsables de Médecins du Monde, Philippe Rodier, délégué régional à Marseille et Cendrine Labaume, coordinatrice générale dénoncent les difficultés d’accès à l’eau pour les personnes en difficulté. Dans le texte intitulé, « L’eau, un droit accordé au compte-gouttes », ils dénoncent une situation qu’ils estiment intolérable : « Dans cette ville, il n’y a ni toilettes publiques, ni bains douches, et les fontaines, quand elles ne sont pas cassées, se comptent sur les doigts de la main et plutôt dans les quartiers privilégiés que dans les quartiers pauvres ». Faute d’accès à l’eau potable, certaines maladies ont ainsi refait surface : hépatite A, impétigo, saturnisme.

A leurs yeux, l’immobilisme marseillais en la matière relève d’une véritable volonté politique. « Proposer l’eau potable en accès libre ou des bains-douches municipaux dans l’esprit des élus locaux reviendrait à tolérer les pauvres, voire à encourager leur venue », estiment ces deux responsables de l’association qui tient un centre d’accueil et de soins dans le centre-ville mais surtout distribue des bidons d’eau potable pour que les plus démunis y aient accès. « Au final, il s’agit de la même stratégie à court terme qui n’est pas de lutter contre la pauvreté, diagnostiquent-ils, mais de lutter contre les pauvres en les décourageant d’être là et ce, au mépris des droits les plus fondamentaux ».

Ils rappellent également que les organismes responsables – Préfecture, Mairie, Société des Eaux de Marseille et la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole – « ont été interpellés en vain sur l’application effective –et urgente en période caniculaire, de ce droit à l’eau et sur ses répercussions en termes de santé publique », surtout en période estivale comme dans le cas de ces Roms expulsés de Plombières qui s’étaient retrouvés en août sans eau potable dans un parc.

Roms : «Un pas très grave a été franchi»

Pour Jean-François Corty, de Médecins du monde, le débat politique actuel entretient les stéréotypes.

Le docteur Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, déplore la stigmatisation «délétère» des Roms.
Comment percevez-vous les débats récurrents autour de la population rom ?

Il est dramatique que cela prenne autant de place dans l’espace public. On part sur de mauvaises bases, avec des stéréotypes et des clichés stigmatisants. Cette surenchère est malvenue, alors que l’on ne parle que de 15 000 à 20 000 personnes. Il y a des questions à résoudre, mais de là à en faire une question globale, c’est un très grave pas de franchi.

Plus de 100 millions d’euros débloqués pour l’hébergement d’urgence

Ce secteur connaît de très fortes tensions, dues à une importante progression des demandes.

Le gouvernement souhaite « répondre à une situation de tension » et aux « difficultés exceptionnelles » que traverse le logement d’urgence. Il va ainsi débloquer 107 millions d’euros pour l’hébergement d’urgence des sans-abri, a indiqué le ministère du Logement, mardi 17 septembre, confirmant une information des Echos.fr.

La commission des Finances de l’Assemblée nationale doit être saisie mercredi d’un avis sur ce projet de décret dit « d’avance », a précisé à l’AFP le rapporteur général du Budget à l’Assemblée, Christian Eckert. Ce processus permet « d’ouvrir des crédits en urgence s’ils sont gagés par des annulations de crédits ailleurs », expliquent Les Echos.
Huit demandes sur dix restées sans réponse

Le secteur de l’accueil et de l’hébergement connaît de fortes tensions, en raison d’une très importante progression des demandes de la part des sans-abri, précise le communiqué du ministère. Ainsi, début juillet, les demandes d’hébergement de SDF au 115 ont été équivalentes à celles enregistrées en hiver. Et 76% d’entre elles n’ont pas trouvé de réponse, un « record », selon la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars).

Sur le terrain, les difficultés s’accumulent, notamment pour les associations. A Clermont-Ferrand, 300 personnes se sont ainsi retrouvées à la rue, en septembre, faute de budget suffisant pour l’association en charge de l’hébergement des sans-abri. Celle-ci a accusé l’Etat de ne lui avoir remboursé que 5% des sommes qu’elle a avancées depuis janvier.