Migrants : un accès aux soins « alarmant » en Europe

 

JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS, La Croix  le 15/11/2016 à 12h25
Mis à jour le 15/11/2016 à 15h17
  • Médecins du monde et ses ONG partenaires ont analysé la situation sanitaire de plus de 30 000 patients reçus en consultation dans 12 pays en 2015. Les deux tiers d’entre eux n’ont pas accès à une couverture santé.

En 2015, le cap du million d’exilés échoués en Europe par la Méditerranée a été franchi. Aujourd’hui, ils n’ont plus à craindre la guerre et les persécutions, mais ils sont toujours exposés aux maladies, à en croire le dernier rapport du réseau international de Médecins du monde.

Des systèmes de santé lacunaires

Selon le rapport, 68 % des personnes rencontrées dans 12 pays (1) n’ont pas de couverture santé. Les publics les plus vulnérables ne seraient guère mieux protégés, selon le document coordonné par Médecins du monde.

40 % des femmes enceintes n’ont pas accès à des examens prénataux avant leur visite dans les permanences des ONG. Les taux de vaccination des enfants sont très faibles : 54 % contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, 32 % contre le tétanos.

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« Chaque système de soin est différent, mais il n’y en a pas un meilleur que l’autre. Ils présentent tous des failles », explique Nathalie Simonnot, en charge du réseau international à Médecins du monde.

« Il y a des pays comme la Belgique ou la France où le droit aux soins est avancé, mais où l’accès effectif est empêché par des obstacles administratifs, et d’autres pays comme l’Allemagne où les soins d’urgence fonctionnement, mais où il n’y a pas de couverture universelle », poursuit-elle, soulignant des avancées législatives en Italie et en Grèce.

Manque de prévention

Parmi les personnes interrogées, seules 3,1 % ont évoqué leur état de santé comme motif de départ. En fait, les trois quarts des porteurs de maladies chroniques ont découvert leur état de santé en arrivant sur le sol européen.

« Nombreux sont ceux qui ont attrapé la gale pendant le trajet, à cause des conditions d’enfermement avant de prendre le bateau », poursuit Nathalie Simonnot. La responsable regrette le manque de prévention dans les diverses approches de soin.

« Pour être à l’abri de la rougeole, c’est un peu plus d’un euro par personne, alors que c’est une maladie dont on peut mourir ou ressortir paralysé », regrette-t-elle tandis qu’une épidémie sévit en Allemagne.

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Médecins du monde demande « l’accès de tous aux systèmes de santé nationaux », une mise à l’abri « en accord avec les standards minimums de santé publique » aux programmes de vaccination nationaux pour les enfants, et aux soins périnataux pour les femmes enceintes. L’ONG demande enfin aux gouvernements européens de « s’accorder sur des règles communes » en matière de soin des étrangers.

JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS

 

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