Accès aux soins: Médecins du Monde alerte sur la situation des migrants

L’association, qui a publié jeudi son rapport annuel, déplore une situation alarmante concernant l’accès aux soins des migrants de Calais où 3200 consultations médicales ont été effectuées depuis début 2015.

Elle dénonce des réponses « largement insuffisantes » de la part de l’Etat. L’association Médecins du Monde tire la sonnette d’alarme concernant l’accès aux soins pour les migrants et notamment ceux installés actuellement à Calais. Ces derniers « vivent dans des conditions inhumaines », déplore l’organisation dans son rapport annuel dévoilé jeudi.

A Calais, 3200 consultations depuis début 2015

A Calais, « symbole de l’insuffisance des pouvoirs publics » selon l’association, Médecins du Monde a réalisé en 2014 plus de 2000 consultations médicales, et 3200 depuis début 2015. « On a mis en place un dispositif d’urgence habituellement utilisé sur les terrains de conflit », a indiqué le docteur Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde.  

« La responsabilité de l’Etat, c’est de prendre en charge sanitairement ces personnes », en « très grande souffrance psychique », et qui vivent « dans des conditions sanitaires inhumaines », a-t-elle insisté lors d’une conférence de presse organisée à Paris.

Les jeunes hommes principalement touchés

Si à Calais se trouvent des femmes et enfants en nombre, la population des centres d’accueil est en majorité jeune et masculine (62% d’hommes, 33 ans de moyenne d’âge).

MDM note une augmentation des mineurs étrangers isolés (517 accueillis en 2014, un chiffre multiplié par 8 depuis 2011), soumis par l’Etat à « des tests de maturation osseuse absolument pas fiables », dénonce Mme Sivignon. Ces tests sont censés déterminer s’ils sont mineurs et peuvent être pris en charge par l’Etat.

La situation se détériore dans les centres

En 2014, Médecins du Monde a effectué 40 790 consultations médicales et plus de 22 000 consultations sociales dans ses 20 centres d’accueil, d’orientation et de soin (Caso), où plus de 95% des patients sont étrangers (principalement d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’Union européenne), précise le rapport rendu public deux jours avant la Journée mondiale du refus de la misère.

Dans ces centres, « la précarité s’est aggravée« , déplore Jean-François Corty, directeur des missions France de l’ONG. La quasi totalité (97,7%) des patients vit en dessous du seuil de pauvreté (dont 35,5% sans aucune ressource), et plus de 90% sont en logement précaire ou à la rue.

Une majorité est en situation irrégulière (67,3%). Près de 7% sont demandeurs d’asile. Parmi eux, un tiers est à la rue, et seuls 25% sont hébergés par un organisme, alors qu’ils devraient théoriquement tous l’être.

Une précarité qui a des conséquences sanitaires: les pathologies sont souvent respiratoires, digestives, ostéoarticulaires et dermatologiques. Et près de 6 patients sur 10 souffrent de pathologie chronique, comme le diabète ou l’hypertension. Près de 87% des patients n’ont aucune couverture maladie, alors que les trois quarts pourraient en bénéficier, via l’Aide médicale d’Etat (qui prend en charge les soins des étrangers sans papiers et sans ressource), souligne l’ONG, récusant les accusations faites aux migrants d’abuser du dispositif.

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