Vidéo de migrants à Calais: « Aujourd’hui il faut utiliser la force pour les déloger »

Jean-François Corty, de Médecin du monde, et Nicolas Comte, du syndicat Unité SGP Police, ont réagi ce mercredi sur RMC à la vidéo montrant des migrants violemment délogés par des CRS alors qu’ils tentaient de monter à bord d’un camion pour l’Angleterre, à Calais.

Coups de pied, usage de bombe lacrymogène, migrants violemment projetés contre la rambarde de sécurité… La vidéo publiée mardi par l’association Calais Migrant Solidarity, qui montre la violence de CRS chargés de déloger des migrants montés à bord de camions de marchandises à Calais, a choqué. Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer a saisi l’inspection générale de la police nationale, et le défenseur des droits s’est auto-saisit.

« La violence ? C’est un ordre donné aux forces de l’ordre »

Cette vidéo n’a pas étonné Jean-François Corty, directeur mission France à Médecin du monde. L’association est présente au quotidien à Calais pour venir en aide aux migrants, en distribuant de l’eau et des kits d’hygiène. « C’est d’une extrême violence, et cela fait des années que nous dénonçons un contexte où la violence est présente au quotidien », a-t-il expliqué ce mercredi chez Jean-Jacques Bourdin. Pour Jean-François Corty, cette violence policière est une décision politique: « C’est un ordre donné aux forces de l’ordre de créer les conditions pour que ces migrants ne se sentent pas bienvenus chez nous ».

« C’est une forme d’utilisation de la violence dans la politique migratoire ».

Pour l’humanitaire, « la réponse, ce n’est pas la violence. Il faut améliorer les conditions d’accueil des migrants ». Jean-François Corty tire le signal d’alarme: « La situation à Calais est dramatique, c’est une bombe à retardement. En France, il y a près de 50.000 demandes d’asile pour 20.000 places dans les centre d’accueil, donc on a 30.000 personnes qui dorment dehors. Des gens qui ont faim, qui ont soif, à qui on explique qu’ils ne sont pas forcément les bienvenus et à qui on complique (le transit) vers un autre pays où ils seraient mieux accueillis ».

« Calais, c’est très difficile pour les policiers »

Interrogé lui aussi sur cette violence policière par Jean-Jacques Bourdin, Nicolas Comte, secrétaire national Unité SGP Police, a tenu à rappeler que « Calais, c’est très difficile pour les policiers ».

« A Calais, la situation est totalement hors de contrôle et on demande aux policiers tant bien que mal de gérer tout ça ».

« On a certaines nuits 300 migrants qui prennent d’assaut les camions pour passer en Angleterre, et on demande à nos collègues de les déloger des camions, détaille-t-il. Il y a quelques années, les migrants quand ils étaient pris sortaient de bonne grâce, mais aujourd’hui il faut utiliser la force physique pour les déloger, et à partir du moment où la situation est hors de contrôle, forcément c’est extrêmement compliqué pour nos collègues de réaliser ces missions-là ». Pour Nicolas Comte, « on ne peut pas plonger les policiers face à toutes ces difficultés et leur taper dessus, sans jeu de mot, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui se passe ».

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