Un collectif d’ONG dénonce la baisse de la contribution financière française à la santé mondiale

Le Collectif Santé 2015* accuse les autorités françaises d’opérer des coupes budgétaires dans le domaine de la santé mondiale. Le montant total de ces coupes s’élève à 80 millions en 2015, sur un budget annuel total dédié à la santé mondiale de 600 millions d’euros, soit près de 15 %.

Dans le détail, la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme sera amputée de 40 millions d’euros pour 2015, calcule le Collectif. « 360 millions d’euros par an seront bien mis à disposition du Fonds mondial et la France entend rester un partenaire essentiel du Fonds », défend François Hollande dans une lettre datée du 6 juillet.

Tour de passe-passe financier

« C’est un jeu d’écriture : 40 millions proviennent de crédits de l’an passé qui n’ont pas été décaissés. La contribution réelle est de 320 millions d’euros », conteste Bruno Rivalan, directeur France de Global Health Advocates.

Quelque 27,5 millions d’euros n’ont pas été décaissés sur la contribution 2011-2015 pour GAVI (l’alliance des vaccins). Si la France s’est engagée à verser 365 millions d’euros pour la période 2016-2020 à l’Alliance, le Collectif Santé 2015 émet de forts doutes sur le décaissement de ces 27,5 millions d’ici décembre 2015. « La France est pour le moment le seul État bailleur à ne pas avoir prévu le décaissement complet de sa contribution actuelle », note-t-il.

L’initiative Muskoka, lancée en 2010 pour atteindre les objectifs 4 et 5 du millénaire pour le développement (santé materno-infantile et sexuelle et reproductive), perd la planification de son budget. La France y a contribué à hauteur de 500 millions d’euros sur 5 ans, répartis entre 48 millions de dotation pour l’AFD et 52 millions de dotation pour un consortium onusien. François Hollande répond dans sa lettre du 6 juillet que l’action de la France « se poursuivra après 2015, d’autant que l’AFD a inscrit cette thématique parmi ses axes prioritaires d’intervention en santé pour 2015-2019 ». « Mais les budgets ne sont pas fléchés ! » rétorque Bruno Rivalan.

Enfin, Si Unitaid ne récupérera pas les 25 millions d’euros prélévés sur sa contribution (qui devait s’élever à 110 millions d’euros) en 2014 pour financer la lutte contre Ebola, « ils seront rétablis cette année » promet François Hollande.

Impact direct sur les plus vulnérables

Des membres du Collectif Santé 2015 ont été reçus à l’Élysée mi-juillet. L’entretien n’a pas éteint leurs inquiétudes, selon Bruno Rivalan. « Nos craintes demeurent. La France ne respecte pas une partie de ses engagements et l’arbitrage est en faveur d’une diplomatie sécuritaire au détriment d’une diplomatie sanitaire », explique au « Quotidien » le responsable de Global Health Advocates.

Concrètement, 416 000 personnes atteintes de tuberculose n’auront pas accès aux traitements, 875 000 enfants ne seront pas vaccinés, 50 000 enfants ne seront pas traités contre la malnutrition, 470 000 femmes n’auront pas accès à la planification familiale et 100 000 séropositifs seront sans suivi, chiffre le Collectif.

*Collectif Santé 2015 regroupe Action contre la Faim, Médecins du Monde, Global Health Advocates, Équilibres et populations, Oxfam France, le Planning familial, Sidaction, et Solidarité thérapeutique et Initiatives pour la santé.

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