SANTÉ MÉDECINS DU MONDE Metz : Militants de l’accès aux soins des plus démunis

On connaît l’ONG pour ses activités internationales, mais quelles sont les missions locales de Médecins du monde ? À Metz, seize bénévoles militent pour que les plus démunis aient accès aux soins, quels qu’ils soient.

Il y a des cabossés de la vie, là pour une douche ou un café. D’autres viennent pour rencontrer une travailleuse sociale de la Fondation Abbé-Pierre ou consulter un professionnel de Médecins du monde. Ce jour-là, l’organisation non gouvernementale (ONG) tient une des trois consultations hebdomadaires à la Boutique de la solidarité, rue Clovis, à Metz.

Dans la pièce principale qui fait office de salle d’attente, des travailleurs pauvres, des réfugiés, des toxicomanes, des sans-abri, tous en grande précarité et souvent en exclusion sociale, attendent leur tour. Tout le monde est accepté, couverture sociale ou pas. Ici, on prend le temps d’écouter, de parler santé ou d’autre chose, de comprendre un interlocuteur qui ne maîtrise pas bien le français.

De l’autre côté de la porte, Alain Baptiste, généraliste à Faulquemont, fait « de la bobologie », comme on dit dans le métier. « On a très peu de pathologies graves, nous soignons des choses simples à remettre dans un contexte , explique le médecin bénévole. On se débrouille avec un stock de médicaments géré par une pharmacienne et on y arrive. On peut soigner un peu de tout mais on va au plus urgent. Avec dix médicaments, nous traitons tout le monde. » Si le médecin estime que des soins plus lourds sont nécessaires, le patient est orienté vers la Pass, la Permanence d’accès aux soins de santé, à l’hôpital de Mercy. Avec, pour sésame, un précieux ticket de bus que « mes collègues vont arracher aux TCRM ». Continuer la lecture

Médecins du Monde dénonce les restrictions d’accès aux Soins et à la Santé

Médecins du Monde dénonce les restrictions d’accès aux Soins et à la SantéLa Loi de Santé 2015 sera débattue au Parlement en avril prochain. Actuchomage entame le décryptage des enjeux avec Médecins du Monde qui milite en faveur de l’égalité d’accès aux soins.

 

Contrairement à l’image que certains en ont, Médecins du Monde est très présente en France métropolitaine et dans les DOM (Réunion, Mayotte, Guyane…).

L’association assure, entre autres missions, des permanences de soins pour les plus démunis : 50.000 consultations par an. Autant dire qu’elle est particulièrement au fait des problématiques d’accès à la santé.

Si son engagement médical se focalise principalement sur les migrants, les SDF et les toxicomanes, MDM est de plus en plus sollicitée par des précaires confrontés aux difficultés.

Nous avons interrogé le Docteur Jean-François Corty, Directeur des Missions France de Médecins du Monde. Il nous apporte son éclairage sur quelques points essentiels visant à garantir la santé des plus démunis :

• Élargir l’accès à la CMU à toutes les personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

• Fusionner la CMU et l’AME (Aide Médicale d’État) pour en faciliter la gestion administrative.  Continuer la lecture

Campagne : pourquoi la réalité ne nous touche-t-elle que lorsqu’elle prend la forme d’une fiction ?

En Belgique mais pas que, ici aussi.

En 2014, la pauvreté dans la rue capte trop peu notre regard. Nous ignorons souvent la présence des plus démunis. Ce n’est que quand des films sont tournés, des livres ou des pièces de théâtre sont écrites que les histoires tragiques attirent l’attention. Médecins du Monde s’est basé sur ce phénomène pour lancer aujourd’hui une campagne qui sera diffusée dans tout le pays.

Dans la rue, une femme a urgemment besoin d’assistance médicale. Des passants la croisent sans la regarder. Mais dès qu’un plateau de cinéma est monté autour d’elle (avec caméras, lumières et la présence du célèbre réalisateur Jan Verheyen), quelque chose d’étrange se produit : les gens s’avancent silencieusement vers cette femme. Ils sont curieux et s’intéressent à elle. Surgit alors cette question: pourquoi la réalité ne nous touche-t-elle que lorsqu’elle prend la forme d’une fiction?

Le but de ce film est de donner un visage aux milliers de personnes vulnérables en Belgique n’ayant pas accès aux soins médicaux,” explique Stéphane Heymans, coordinateur des projets belges de Médecins du Monde. Dès aujourd’hui, la campagne devient virale. La femme que l’on voit dans le film est une actrice, par contre les réactions des passants sont bel et bien réelles. Un message identique est diffusé à la radio, avec la participation de trois célébrités (Deborah François – Comédienne, Thomas Gunzig – Ecrivain et chroniqueur, Alain Berliner – Réalisateur, à écouter ci-dessous).

Un paradoxe croissant

Qu’il s’agisse de personnes en situation de précarité, de sans-papiers, de personnes sans couverture médicale, d’usagers de drogue, de sans-abris ou de travailleurs du sexe, dans notre pays, les plus vulnérables ont de grandes difficultés à accéder à des soins, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin. Parmi eux, 4 personnes sur 5 déclarent être en (très) mauvaise santé mais 67% n’ont pas accès aux soins.

Autre tendance inquiétante: le Belge « moyen » tarde de plus en plus à se rendre chez le médecin. En 1997, un Belge assuré sur 10 repoussait une consultation médicale pour des raisons financières. Aujourd’hui, c’est le cas d’une personne sur 7. Ce chiffre augmente dans les groupes les plus vulnérables: 40% des chômeurs, des personnes ayant un revenu modeste ou un revenu minimum se sont déjà trouvé dans l’obligation de postposer des soins médicaux.

C’est pourquoi Médecins du Monde plaide auprès des autorités fédérales, régionales et communales pour une assurance médicale universelle et un accès plus aisé aux soins de santé. C’est seulement ainsi que les plus vulnérables, telle l’heroïne de notre film, seront aidés et non exclus. 

Marseille : la « carte SDF » ne passe pas

La carte de secours au « triangle jaune » introduite par le Samu social auprès des sans-abris de la ville de Marseille a soulevé un tollé. Explications.

Un étrange écusson sur la poitrine, une centaine de personnes était réunie le 3 décembre au matin, devant l’Hôtel de ville de Marseille pour dénoncer une mesure que les plus tendres qualifient de maladroite. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la distribution de l’objet incriminé a été suspendue depuis huit jours.

Méry : « Je n’ai pas pris de décret »

C’es en tous cas ce qu’a annoncé Xavier Méry, adjoint UMP à l’intégration et à la lutte contre l’exclusion, concèdant « une maladresse ». « Ce qui me choque, c’est le rapprochement que l’on fait avec des parties sombres de notre Histoire. Je n’ai pas pris de décret municipal pour obliger tous les sans domicile fixe à porter cette carte… »
De quoi s’agit-il ? D’une carte dont l’idée a germé dans les têtes du personnel du Samu Social de la ville de Marseille. Une carte comportant des éléments permettant d’identifier rapidement un SDF : nom, prénom, n° de téléphone, personne à prévenir, n° de sécurité sociale, allergies, pathologies… Depuis sa mise en service, jusqu’à sa suspension, la carte a été distribuée à une centaine de SDF dans Marseille. La ville en compterait près de 1500.
« Ce n’est pas pour nous, nous connaissons les sans abris par leur prénom, c’est plus à destination des pompiers, par exemple…», explique René Giancarli, directeur du Samu social qui a déjà distribué ce sésame à une centaine de SDF.
Si la démarche peut paraître louable, puisqu’elle vise à faciliter l’accès aux soins pour les sans-abris, elle soulève de grosses réserves.

Un triangle jaune stigmatisant

Dans sa forme, stigmatisante, d’abord. Car cette carte, matérialisée sur son recto par un « triangle jaune », n’est pas sans rappeler une multitude de symboles utilisés au cours de l’Histoire pour mettre à l’index différentes populations. Continuer la lecture