Les mineurs isolés rencontrés par Médecins du monde cinq fois plus nombreux depuis 2010

Auteur  : Emmanuelle Chaudieu

« Rendu public jeudi 13 octobre, quelques jours avant la Journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre, le 16e rapport annuel de Médecins du monde sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France témoigne à nouveau « des difficultés persistantes » rencontrées par les personnes en situation de grande précarité pour accéder à leurs droits et se faire soigner.

L’année 2015 « a été marquée en particulier par une crise migratoire sans précédent illustrant des conditions d’accueil inadaptées » et a connu « une multiplication des démantèlements de campements et autres bidonvilles, le plus souvent sans solution de relogement », rappelle l’association, dont le rapport est étayé par les données d’activités des 67 programmes qu’elle mène dans 34 villes françaises, en particulier dans ses 20 centres d’accueil de soins et d’orientation (CASO). En 2015, ces structures ont reçu 30 571 personnes, sachant que pour les trois quart d’entre elles, il s’agissait du premier contact avec l’association. La plupart (81,2 %) s’adressent au CASO pour un problème de santé, les autres « expriment une demande d’accompagnement social ou juridique ».

Des conditions de vie « très dégradées »

Le rapport dresse le profil sociodémographique et un état des conditions de vie des personnes accueillies : il s’agit majoritairement d’hommes (62 %), dont la moyenne d’âge est de 33 ans. Plus de 95 % de la file active est de nationalité étrangère (majoritairement d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’Union européenne), moins d’une personne sur 10 dispose d’un logement personnel, près de six sur 10 sont hébergées par de la famille, des amis ou une association, 9 % occupent un logement précaire et 20 % sont sans domicile fixe. Enfin, 97 % vivent sous le seuil de pauvreté. A noter que parmi les patients accueillis en 2015, 12,7 % étaient des mineurs, dont près de la moitié âgés de moins de 7 ans. Les conditions de logement de ce public « sont très dégradées » (20 % vivent dans un squat ou un campement et 21 % sont sans domicile fixe), souligne MDM et « 16 % de ces jeunes sont seuls sur le territoire français », sachant qu’en « cinq ans, le nombre de mineurs isolés rencontrés, vivant le plus souvent à la rue, a été multiplié par cinq ». Continuer la lecture

« Nous, Médecins du monde, sommes tous des Médecins d’Alep « 

Par des membres de Médecins du monde

Alep… où bientôt, ne resteront plus que les cadavres de ses habitants qui n’auront pas pu fuir, pas pu se protéger. Depuis presque trois mois, les quartiers Est de la ville font l’objet d’un siège odieux qui ne leur donne pas d’autre choix que de tenter de partir pour éviter la famine. Depuis ces derniers jours, ces quartiers subissent des bombardements incessants, de plus en plus puissants, forts et tellement dévastateurs que l’intervention massive de l’aviation russe et l’utilisation d’armes à sous-munitions ne font aucun doute.

De son côté, le régime intervient au sol, soutenu par ses alliés et des groupes armés dans une grande offensive terrestre pour reconquérir l’Est de la ville. Aucun compte n’est tenu des populations civiles qui seront massacrées tant que les rebelles tiendront ces zones, ces rebelles qu’ils veulent anéantir impitoyablement et au plus vite. Vite avant que la communauté internationale ne se décide enfin à réagir devant ce massacre ignoble. Sinon, il sera probablement trop tard. Continuer la lecture

ONU: les dirigeants mondiaux se penchent sur le sort des migrants

 

Les 193 pays de l’ONU doivent adopter lundi à New York, en prélude de l’Assemblée générale, une série d’engagements pour répondre à la plus grave crise migratoire depuis la deuxième guerre mondiale mais certaines ONG dénoncent d’avance une occasion manquée.

Ce premier sommet onusien consacré aux migrations a pour toile de fond la guerre en Syrie, qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans et poussé plus de quatre millions de Syriens à l’exil vers des pays voisins surchargés ou vers l’Europe.

Une trêve, de plus en plus précaire, a été instaurée depuis quelques jours en Syrie. Ce dossier devrait dominer les discussions en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, grand rendez-vous diplomatique annuel qui commence mardi.

C’est une simple déclaration politique que les dirigeants mondiaux ont prévu d’adopter lundi. Elle met l’accent sur « le respect des droits fondamentaux » des migrants, la coopération internationale pour lutter contre le trafic et la xénophobie ou l’accès à l’éducation pour les enfants déplacés.

Mais elle ne contient pas d’objectifs chiffrés, et surtout pas d’engagement précis sur la répartition du fardeau.

– « pacte mondial » –

Le secrétaire général Ban Ki-moon avait suggéré que les pays accueillent chaque année 10% du total des réfugiés, aux termes d’un « pacte mondial ». Mais au fil des négociations cet objectif a disparu et le pacte a été renvoyé à 2018 au plus tôt.

Pour l’ONG britannique Oxfam, les gouvernements « vont sans doute se congratuler lundi mais leurs engagements politiques sont bien en deçà de ce qu’il faudrait pour traiter le problème ».

Il y a 65 millions de personnes déplacées dans le monde, dont 21 millions de réfugiés, fuyant persécutions, pauvreté ou conflits.

Face à cette crise sans précédent « on ne sent pas définitivement de volonté politique forte », a déclaré à l’AFP la présidente de Médecins du monde Françoise Sivignon.

Elle déplore « l’absence d’un véritable plan de relocalisation » et la mention dans le projet de déclaration finale « de la rétention des enfants, qui pour nous n’est pas acceptable ».

La protection des mineurs non accompagnés, qui sont « extraordinairement vulnérables », « n’est pas particulièrement mise en exergue », souligne-t-elle. Continuer la lecture

Médecins du monde évacue son personnel du Yémen

Le Monde.fr avec AFP | 

L’organisation humanitaire Médecins du monde (MDM) a pris la décision mardi 6 septembre de cesser provisoirement ses activités et d’évacuer son personnel du Yémen, en raison d’une intensification des combats et des raids aériens « depuis la suspension des négociations de paix le 6 août ».

Avant cette évacuation, une équipe était installée dans la capitale, Sanaa, rappelle l’organisation non gouvernementale. « Des cliniques mobiles étaient équipées pour aller au plus près des enfants, des femmes et des hommes qui ne peuvent se déplacer », précise-t-elle.

Dans un communiqué, MDM « appelle la communauté internationale à se mobiliser pour obtenir l’arrêt des bombardements et l’accès sans entrave aux populations ».

10 000 morts selon l’ONU

« Quatre-vingts pour cent des habitants ont besoin d’une aide d’urgence et environ 25 % des centres de santé sont détruits ou ne fonctionnent plus. Près de la moitié de la population se trouve également en situation d’insécurité alimentaire. Dans le respect du droit humanitaire international, le déploiement de l’aide humanitaire et l’accès aux blessés doivent être facilités », a plaidé Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du monde. Continuer la lecture

Hongrie: toujours plus de réfugiés maltraités à la frontière serbe

10 000. C’est le nombre de soldats supplémentaires qui ont récemment été mobilisés à la frontière serbo-hongroise, où les expulsions forcées de réfugiés se multiplient. Une frontière où la violence est aussi bien présente, comme en témoigne Médecins du Monde. L’organisation, active dans deux camps de transit pour réfugiés, y soigne chaque jour de nombreuses personnes blessées par les forces de l’ordre. Mais depuis début juillet, la situation semble s’être dégradée.

Des morsures de chiens et des barbelés coupants

« D’après les témoignages, les moyens qui sont mis en œuvre sont particulièrement violents. Certains expliquent avoir été maltraités par plusieurs militaires ou policiers à la suite l’un de l’autre. Il y a des blessés par morsure de chiens, des blessures très impressionnantes à subir. Il y a également les barbelés de la frontière. Ce sont des barbelés coupants provoquant des lésions importantes« , commente Xavier de Béthune, médecin et directeur médical chez Médecin du monde.

Les médecins des deux centres de transit à la frontière serbo-hongroise ont également vu se multiplier des traumatismes psychologiques graves. « Il y a bien sûr le syndrome de stress post-traumatique quand on a été agressé d’une telle manière. Cela provoque des troubles psychologiques, de l’insomnie, de l’anxiété, des angoisses en nombre, qui suffisent pour en faire un problème » explique Xavier de Béthune.

Médecins du monde condamne l’attitude des autorités hongroises et ses politiques sécuritaires et rappelle avec force l’impérieuse nécessité d’ouvrir des voies d’accès légales et sécurisées pour tous au niveau européen.

Le prix des médicaments

LE PLUS. « Avec l’immobilier et le pétrole, quel est l’un des marchés les plus rentables ? La maladie. » C’est un des slogans de la nouvelle campagne choc de Médecins du monde, censurée par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), qui craint des « réactions négatives » de la part de l’industrie pharmaceutique. Olivier Maguet, responsable de cette campagne, revient sur ce qui a motivé cette initiative.

Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

 

Affiches de la campagne « Le prix de la vie » de Médecins du monde (MDM)

Médecins du monde est une association responsable qui s’inscrit dans un cadre républicain et tape rarement aussi fortement du poing sur la table. Lorsqu’elle le fait, il faut donc partir du principe que ce n’est pas pour rien. 

L’idée de l’actuelle campagne, dont je suis responsable, et que les diffuseurs ont refusé d’afficher, part d’une histoire clinique. Parce que Médecins du monde est avant tout une association de soignants souhaitant révéler les inégalités du système de soin. 

On a averti l’État du coût intolérable des traitements contre l’hépatite C

Cette histoire, c’est celle des traitements de l’hépatite C, auxquels nous voulons donner accès dans tous les pays. Nous déplorions déjà des prix trop élevés dans les pays du Sud pour les thérapies classiques existantes, inaccessibles pour certains. Nous avons suivi les résultats très prometteurs des antirétroviraux à action directe en 2014, mais ces derniers ont encore plus renforcé la barrière d’accès aux traitements. Continuer la lecture