Média et Urgence

Publié dans l’express.fr le 5 février.

Haïti a besoin d’aide !
Mr. Mattéi ne soyez pas étonné…J’ai contacté l’Ambassade de France à Port au Prince ainsi que des associations d’entraide pour venir apporter un appui sincère aux personnes endeuillées. A ce jour il est fort regrettable de constater que personne n’a pris contact avec moi ou répondu à mes courriers ! Il ne faut pas rêver que dans de telles conditions les dons auront du mal atteindre les personnes nécessiteuses.

Haïti a besoin d’aide…et vite Alors que les dons ont afflué très vite après le terrible séisme qui a ravagé l’île le 13 janvier dernier, la collecte s’est essoufflée. Jean-François Mattéi, président de la Croix- Rouge, regrette la baisse d’implication des médias, et appelle les Français à redoubler d’efforts.

Les Français sont suspicieux. Les Français ont un cactus dans le porte-monnaie. Les Français sont influençables. Le constat de Jean-François Mattéi, président de la Croix- Rouge française, est sévère, mais l’urgence d’aider Haïti impose la fermeté. Alors qu’un large mouvement de solidarité semblait s’être enclenché très vite après le séisme, les dons arrivent de moins en moins. C’est « dommage qu’il n’y ait pas davantage de Français qui aient donné », estime Jean-François Mattéi.

« Nous avons besoin d’aide, nous avons besoin de beaucoup d’aide, et les fonds dédiés sur Haïti seront dépensés pour les Haïtiens. » La précision du président de la Croix- Rouge pourrait presque surprendre celui qui aurait oublié que les Français n’oublient rien. Début janvier 2010, un rapport de la Cour des comptes pointait du doigt « le manque de transparence de plusieurs associations, notamment la Croix- Rouge et Action contre la faim » dans la gestion des dons envoyés pour le tsunami. Choqués par « la Vague » indonésienne de 2004, les Français s’étaient mobilisés en masse, et la Croix-Rouge avait alors reçu un chèque de 115 millions d’euros, qu’elle n’a même pas encore réussi à dépenser entièrement. Les Haïtiens n’auront pas ce problème. « A force de semer la méfiance, il ne faut pas s’étonner de voir la baisse des dons », se plaint Mattéi.

L’Etat veut créer « un monopole quasi public de la générosité privée » Bien parti la première semaine (15 millions d’euros, un record historique), la mobilisation pour venir en aide aux sinistrés haïtiens s’est petit à petit essoufflée. La faute, en partie, à des médias qui ont quelque peu déplacés les projecteurs. C’est en tout cas la thèse de la Croix-Rouge, qui fustige également -sans le dire ouvertement- l’omniprésence de la Fondation de France (FDF), qui a trusté la générosité des Français.

Relayée, soutenue et encouragée par tous les grands médias du pays (Radio France, France Télévisions, Le Monde, RTL, M6, Le Figaro..), la Fondation, organisation certes indépendante mais très proche de l’Etat (sept représentants de l’Etat siège au conseil d’administration), a récolté pour le moment 24 millions d’euros (soit le double de la Croix-Rouge), qu’elle a ensuite redistribué à d’autres associations de son choix. Pour Denis Maillard, ancien responsable de la communication de Médecin du Monde, « l’opération médiatique des télévisions et radios publiques est en fait chargé d’orienter la générosité privée vers la FDF ». Sur son blog, il estime que l’Etat souhaite créer « un monopole quasi public de la générosité privée avec une FDF dans le rôle du guichet unique et des médias publics dans celui des orchestrateurs de la ‘bien-donnance' ». Et en abaissant leur degré d’implication au fil du temps, les médias auraient donc, indirectement, entraîné une baisse des dons des Français

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