L’épidémie d’hépatite C en recul en France

Médecins du Monde , un des acteurs principaux sur la réduction des risques.

Selon l’Agence nationale de santé publique, pour la première fois on assiste à un reflux: 200 000 personnes seraient touchées, loin des 600 000 que l’on évoquait il y a quelques années.

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    L’épidémie d’hépatite C en recul en France

C’est une bonne nouvelle. Sur le front des hépatites, et en particulier des hépatites C, la situation épidémique s’améliore en France. Ce mardi, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Agence nationale de santé publique, des données nouvelles pointent ainsi une baisse du nombre de cas en France; la prévalence de l’hépatite C chronique en population générale est passée de 0,53% en 2004 à 0,42% en 2011.

Cela peut paraître anecdotique, mais cela ne l’est pas. En chiffres absolus, il y aurait en France 192 700 personnes chez qui on retrouverait de l’ARN du virus. Et quelque 344 500 chez qui on retrouverait juste des anticorps. La différence entre les deux chiffres résulte du fait que ceux qui ont guéri du VHC ont toujours des anticorps, mais plus le virus. En tout cas, on est loin des chiffres de 600 000 porteurs du virus donné pendant des années par les experts. «Avec l’arrivée des nouvelles générations de traitement de l’hépatite C, cette tendance à la baisse de la prévalence devrait se confirmer et s’accentuer», note dans un éditorial Pierre Czernichow, de l’université de Rouen, qui ajoute que«l’autre résultat de ce travail innovant est l’estimation de la répartition des cas selon les groupes exposés». Ainsi, les deux groupes les plus représentés parmi les personnes touchées par l’hépatite C sont les migrants, d’une part, et les patients ayant été transfusés avant 1992, d’autre part.

L’hépatite C, on le sait, se transmet essentiellement par le sang. Dans les années 70-80, une véritable épidémie s’est développée en France, liée d’un côté aux actes médicaux (en particulier la transfusion), et de l’autre côté à l’échange de seringues chez les toxicomanes. Ce virus est loin d’être anodin: schématiquement, 20 à 30 % des sujets infectés vont certes éliminer spontanément le virus, mais le reste va évoluer vers une forme chronique de l’hépatite C; si parmi eux, la moitié des cas évolue vers une chronicité peu active, l’autre moitié évolue vers une hépatite chronique modérément active ou très active qui aboutit alors à une cirrhose entre 10 et 20 ans, selon la gravité. Et parmi ces derniers, certains développeront un cancer primitif du foie.

Depuis une dizaine d’années, il y a des traitements. L’énorme changement, voire la révolution comme le qualifient nombre d’experts, est que depuis deux ans est apparu un médicament qui guérit totalement plus de 90% des personnes qui le prennent. Problème, ces traitements sont chers, très chers: plus de 45 000 euros pour une prise en charge sur 12 semaines. Ce mercredi, d’ailleurs, un grand nombre d’associations (dont Médecins du monde, Aides, etc.) vont lancer une initiative pour un traitement universel, et en particulier pour un recours aux génériques.«L’Etat possède tous les outils légaux pour importer ou faire produire des traitements génériques en France permettant l’accès aux traitements à tous les malades et préservant l’équilibre de l’assurance-maladie», écrivent ainsi ces associations.

En attendant, l’épidémie est donc là. Mais elle reflue. «La problématique sanitaire diffère toutefois selon les groupes touchés: pour les migrants, la question posée est d’abord celle de l’accès aux soins. Les restrictions croissantes apportées à cet accès, notamment pour les personnes vivant en France en situation irrégulière, rendent difficile tout progrès sanitaire dans ce contexte», note le BEH. Quant aux toxicomanes, si le nombre de nouvelles contaminations s’est effondré, il reste important. Seule une politique volontariste de réduction de risques peut apporter des résultats. L’ouverture prochaine de salles de shoot en est une forte illustration.

Eric Favereau

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