Le prix Solidarité décerné pour récompenser Dr Mukwenge

Dr Denis Mukwege est récompensé jeudi 16 octobre du prix Solidarité du CHU Saint-Pierre à Bruxelles, et est cité parmi les favoris au prix Sakharov, qui sera dévoilé incessamment.

Cinq cent mille. C’est le nombre alarmant de femmes victimes de violences sexuelles chaque année en République démocratique du Congo. Soit plus de mille par jour. Depuis plus de deux décennies, à la suite du lancement de processus de démocratisation de l’ex-ZaIre, le viol est utilisé comme arme de guerre dans ce pays de 67,5 millions d’habitants. Aux premières loges du combat contre ce fléau dont on parle si peu figure Dr Denis Mukwege, médecin gynécologue congolais de 59 ans qui était cité parmi les favoris aux Prix Nobel de la Paix ces deux dernières années.

Il faisait partie des sept finalistes pour le prestigieux prix Sakharov et a reçu hier jeudi 17 octobre 2014 en collaboration avec Médecins du Monde (MdM), le premier Prix Solidarité, créé par l’hôpital universitaire Saint-Pierre (Bruxelles), centre d’excellence et de proximité qui se targue de prendre en charge absolument tout le monde », comme l’a expliqué à Paris Match Guy-Bernard Cadiène, qui dirige le service de chirurgie digestive, et est un proche collaborateur du médecin congolais.

Un prix qui, comme son nom l’indique récompense cette valeur indissociable de l’exercice de leur si beau métier, et que partagent donc l’institution bruxelloise, MdM, et leur lauréat, qui a créé l’hôpital et la fondation Panzi en 1999, alors que le Congo était en pleine guerre. « Plus de sept Nations se battaient ; les femmes étaient dans une souffrance extrême, rappelle le quadragénaire et beaucoup perdaient la vie lorsqu’elles  avaient besoin d’une prise en charge obstétricale ». L’idée lui est donc venue de construire simplement une petite maternité ayant la capacité de faire des césariennes ». 

Mais la première patiente qu’il a eue n’est pas venue pour une césarienne. Elle est venue après avoir été violée, et qu’on lui a tiré sur l’appareil génital. Elle était dans un très mauvais état », se souvient-il avec émotion. C’est ainsi que l’hôpital de Panzi est né et que Denis Mukwege allait devenir « le médecin qui répare les femmes ». Depuis, il a pris en charge plus de 50.000 victimes de violences sexuelles. Entre 2004 et 2014, ses services ont soigné  plus de 3.000 enfants, dont 171 ont moins de cinq ans.

Un coup de foudre professionnel

Malgré son travail extraordinaire et la reconnaissance internationale qui en découle. Dr  Mukwege est d’une incroyable modestie. Il a notamment tenu a rendre hommage à MdM. « Ce sont des médecins qui se donnent pour les autres dans des conditions difficiles, et c’est bien là tout l’expression de la solidarité », a-t-il salué, avant de faire l’éloge du centre hospitalier qui « accepte de soigner les malades qui n’ont pas de moyens ou sont exclus ». « Quand on voit le terrorisme autour de nous, quand on  voit tous ces  problèmes de violence sexuelles, les exclusions etc., nous avons besoin d’être solidaire.

C’est cette solidarité qui peut sauver notre humanité », a-t-il estimé. « Donner de l’espoir,  redonner de la dignité à des malades qui souffrent. sont abandonnés, rejetés »… telle est sa vocation. « Lorsque je vois des femmes qui perdaient des matières fécales sans aucun contrôle et qui sont de nouveau continentes, et retrouvent la joie, le sourire,  la dignité, c’est tout le sens de la solidarité ». Et de souligner que c’est bien par « solidarité » que « Guiber », comme il appelle le « professeur Cadière, va, une semaine par trimestre, « avec son équipe de Saint-Pierre », « apprendre ses nouvelles techniques » à l’hôpital Panzi, situé à Bukavu, au Sud-Kivu, dans l’Est de la RDC ». Avec ce genre de « chaîne de solidarité », nous pouvons résoudre beaucoup de misère, au lieu de réfuser de la regarder, comme si elle ne nous concernait pas » martèle-t-il.

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