Des soignants dénoncent les conditions de vie dans le bidonville de Calais

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Épidémies, faim, hygiène… Des bénévoles de Médecin du Monde racontent les conditions de vie des migrants au bidonville de Calais. Et réclament des moyens supplémentaires à l’État.

La maladie est leur métier, mais ce qu’ils ont vu à Calais a dépassé leurs craintes. Dans une longue tribune publiée sur son blog, Mady Denantes, infirmière à Paris, raconte son été passé à l’appel de Médecins du monde avec deux autres soignants et un auteur, dans le bidonville de Calais.

Le récit est glaçant. Tous les quatre décrivent le lieu, où sont « installées » plus de 3.000 personnes. Une centaine d’entre elles, uniquement des femmes et des enfants, sont logés dans le centre Jules Ferry, un centre de loisirs réquisitionnés. Les autres dorment dehors, dans des cabanes et des tentes fournies par les ONG.

Rhinopharyngites, rhumes, toux, abcès dentaires…

Les conditions d’hygiène sont désastreuses. « La demande est trop forte pour que chacun ait droit à une douche quotidienne », écrivent-ils. Il n’y en a en effet que 500. Et pour y arriver, il faut faire la queue, longtemps. « Médicalement, ce que nous avons vu dans ce bidonville est inacceptable », racontent ces soignants. Nombreux sont ceux qui sont atteints de la gale, mais aussi de la varicelle.

Les tentatives de passages des barbelés qui entourent le site d’Eurotunnel, permettant de passer en Angleterre, laissent des traces sur le corps, parfois indélébiles. Les conditions de vie favorisent les infections et les séquelles. Rhinopharyngites, rhumes, toux, abcès dentaires… La liste des dommages corporels est longue.

« Les autorités sanitaires n’existent pas »

Un repas par jour est distribué, sans que chacun y ait accès systématiquement. Là encore, cela signifie trois heures de queue. Certains migrants affichent des indices de masse corporelle inquiétants, frisant la dénutrition, et des tensions anormalement basses.

Face à un bilan si catastrophique, les quatre auteurs affirment avoir alerté plusieurs fois l’agence régionale de santé, en vain. « Nous sommes habitués à travailler avec l’agence régionale de santé dans un système de santé publique. Avec des règles, des protocoles. Dans le bidonville, rien. Les autorités sanitaires n’existent pas ». Les permanences d’accès au soin de santé (PASS) absorbent une infirme quantité des besoins de prise en charge. Elles sont loin du camp, et fonctionnent avec un unique médecin. « L’un de nous était en Albanie, près de la frontière du Kosovo en 1999: le camp était mieux tenu », racontent-ils.

Désormais, c’est une réponse de l’État que réclament les soignants. « Pourquoi les règles de santé publique dans notre pays ne s’appliquent pas là-bas? », demandent-ils. Prise en charge médicale, toilettes, douches, poubelles, normes diététiques…la liste est longue pour rendre un visage humain à ce bidonville.

Par A. K.

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