La «précarité» les yeux dans les yeux

A l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre et de la publication de son rapport annuel sur l’accès aux soins des plus démunis en France, Médecins du monde présente jusqu’au 19 octobre une exposition monumentale sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. L’installation de douze structures de 6 m de haut par 3 m de large donne à voir en grand format les différents visages de la pauvreté et de l’exclusion. Le photographe portraitiste Denis Rouvre, 47 ans, qui vit et travaille à Bagnolet tout en sillonnant le monde, récompensé par des prix prestigieux dont le World Press Photo à plusieurs reprises, pose son regard sur ceux qu’il nomme lui-même les «figures héroïques» de nos temps modernes. Alex, Armelle, Nadjat, Marco, Jean-Michel, Constantin nous regardent. Inutile donc de détourner le regard pour éviter le face-à-face avec ces anonymes qui ont accepté de se faire les ambassadeurs de tous ceux qui partagent leur sort. Des visages qui en disent long, qui portent les marques de leur lutte quotidienne contre la misère. Avec cette expo que l’on ne peut rater, Médecins du monde veut simplement «que l’on ne puisse plus dire : « Je ne savais pas, je n’ai rien vu »».

Marie-Christine VERNAY Libération

« Regardons la précarité en face », l’expo poignante imaginée par Médecins du Monde

A L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DU REFUS DE LA MISÈRE – LE 17 OCTOBRE -, ET DE LA PUBLICATION DE SON RAPPORT ANNUEL SUR L’ACCÈS AUX SOINS DES PLUS DÉMUNIS, L’ONG MÉDECINS DU MONDE A CONÇU UNE EXPO PHOTO QUI MET À JOUR LES DIFFÉRENTS VISAGES DE LA PAUVRETÉ ET DE L’EXCLUSION… QUE NOUS CROISONS CHAQUE JOUR DANS LES RUES SANS (BIEN SOUVENT) LEUR PRÊTER ATTENTION.

 

 

DOROFTEI, 10 ANS : « JE NE PEUX TOUJOURS PAS ALLER À L’ÉCOLE ».

Doroftei, 10 ans : "Je ne peux toujours pas aller à l'école".

© DENIS ROUVRE
Armelle, 22 ans : "Ici, les filles comme moi, peuvent se faire soigner gratuitement".

© DENIS ROUVRE
Jean-Michel, 44 ans : "C’est aberrant de voir des prix de traitements aussi élevés".

© DENIS ROUVRE
Constantin, 60 ans : "Il m'arrive souvent de ne pas manger pendant un jour entier".

© DENIS ROUVRE
Diego, 15 ans : "Je suis seul, et je ne sais pas ce qui va se passer".

© DENIS ROUVRE
Najat, 50 ans : "Je n'ai pas assez d'argent pour payer mes frais médicaux."

© DENIS ROUVRE
  • Doroftei vit avec ses parents et sa sœur Marinela dans un bidonville de la région parisienne. Pour poursuivre sa scolarité, Doroftei doit présenter un certificat de vaccinations. Mais comme de nombreux enfants vivant dans un logement précaire, il n’a pas été régulièrement vacciné. Médecins du Monde assure les premiers soins et aide sa famille à faire une demande d’Aide médicale d’État (AME) pour qu’il puisse être pris en charge et mettre à jour son carnet de santé. »

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Cette exposition monumentale (comprenant 12 structures de 6 mètres de haut par 3 de large) a été réalisée avec le concours du portraitiste Denis Rouvre, qui depuis plusieurs années, pose son regard ces anonymes, devant lesquels nous détournons parfois le regard. Des enfants, des femmes, des hommes, précaires, exclus, à qui Médecins du Monde a souhaité redonner un visage mais surtout la parole. Objectif : regarder la pauvreté en face, pour mieux la combattre.

Pour en savoir plus
-L’exposition au complet sera installée du 16 au 19 octobre sur le parvis de l’Hôtel de ville à Paris.
-Le site de Médecins du Monde (où le rapport 2014 sera publié demain).
-Le site du photographe Denis Rouvre, récompensés à plusieurs reprises par le World Press Photo.

HÉPATITE C : L’ASSURANCE MALADIE PRISE EN OTAGE

« Depuis de nombreux mois, nos associations et collectifs se mobilisent pour alerter les autorités  des enjeux autour du prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C et particulièrement du sofosbuvir commercialisé par le laboratoire Gilead.

Le gouvernement prend conscience de la lourde menace que fait peser le prix de vente des nouveaux traitements sur notre système solidaire de santé. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale présenté lundi 29 septembre prévoit de mettre en place un mécanisme de contribution de l’industrie pharmaceutique aux dépenses de santé – déclenché au-delà d’un plafond de chiffre d’affaires annuel – qui doit permettre d’atténuer l’impact financier de l’usage de ces nouveaux traitements.

Selon les prétentions actuelles du laboratoire Gilead, la sécurité sociale risque cependant de débourser près d’un milliard d’euros pour le sofosbuvir seul. Nous devrions donc accepter un prix aussi exorbitant qu’injustifié destiné à rentabiliser une opération financière privée alors que l’ensemble des conditions pour autoriser la production immédiate d’un générique par l’émission d’une licence d’office sont aujourd’hui réunies. La question de l’impact du prix des médicaments sur l’accès aux soins  reste donc entière, la mécanique de fixation des prix étant opaque, les autres pathologies dont le coût des traitements met également en péril notre système de santé solidaire sont mises à l’écart. La sauvegarde de l’assurance maladie nécessite plus qu’une mesure dont il est difficile d’évaluer les effets collatéraux potentiellement dommageables pour les malades et visiblement destinée à apaiser les foudres de l’opinion face à l’appétit des laboratoires.

Nous, associations de malades, représentants des usagers, soignants,  appelons la Ministre à saisir l’opportunité historique d’enclencher une réforme  structurelle des modalités de fixation des prix, permettant de garantir l’accès aux soins pour tous. La prochaine loi de santé lui donne l’opportunité de s’engager publiquement en ce sens ».

(1) Actions Traitements, Act Up-Paris, Act Up-Sud Ouest, AIDES, ASUD, CHV, CISS (Collectif interassociatif sur la santé), Comede, Médecins du Monde, Dessine-moi un Mouton, Nova Dona, SIS association, Sol En Si,  SOS Hépatites Fédération, TRT-5.

Quelles sont les missions de Médecins du Monde à Calais ?

 

Dans notre édition du 17 juillet, le maire de Calais Natacha Bouchart, critiquait ouvertement la présence et le rôle des militants No Border auprès des migrants, allant jusqu’à déclarer : « Médecins du Monde est piloté par des No Borders. Cécile Bossy (coordinatrice de Médecins du Monde, NDLR) est No Border. » La réaction de la structure visée par le maire n’a pas tardé à venir, de la voix du docteur Martine Devries, responsable de la mission Migrants du littoral 59/62. Le médecin en profite également pour présenter les actions de la structure auprès des migrants à Calais. « La mission Migrants du Littoral 59/62 de MdM a à cœur de favoriser, et d’améliorer la santé des personnes précaires, françaises ou étrangères, migrants, qu’ils soient de passage dans notre région, ou établis depuis quelque temps. Un des moyens pour améliorer la santé des gens est de favoriser leur accès aux soins, quelles que soient les modalités du soin : médecine de ville, urgences de l’hôpital, Pass, ou dispositif spécifique temporaire, ce qu’était le projet de traitement des personnes victimes d’une épidémie de gale en mai dernier. » Pour le médecin, le travail de MdM n’avait pas été reconnu à sa juste valeur à l’époque : « La préfecture a fait une réunion d’information pour expliquer les modalités choisies. Ces modalités nous sont apparues comme inadaptées, sur plusieurs points, notamment les douches, indispensables dans le cadre du traitement d’une épidémie de gale. Elles étaient prévues le lendemain de la prise de traitement – ce qui se justifiait mais demandait de fournir des explications aux personnes concernées, et donc aurait nécessité la présence d’interprètes.

Le traitement lui-même a été réalisé un soir, sur le lieu et au moment de la distribution alimentaire, en public, sans aucun espace de confidentialité. Il n’y avait pas d’interprète, pas d’examen clinique possible, ni rien qui ressemble à une consultation médicale. A aucun moment, les bénévoles de MdM n’ont essayé de dissuader les personnes de prendre le traitement. » Le lendemain de la prise du traitement, les camps de la Batellerie et de la rue Lamy étaient démantelés par les forces de l’ordre. Continuer la lecture

Salle de consommations à moindre risques

VIH et VHC chez les usagers de drogues : l’éducation par les pairs réduit le risque infectieux.

Une étude menée conjointement par l’ANRS, AIDES, Médecins du Monde et l’INSERM apporte des éléments en faveur de l’accompagnement et de l’éducation à l’injection des usagers de drogues. Elle évalue pour la première fois l’impact d’un accompagnement et d’une éducation à l’infection délivrée par des pairs sur les pratiques à risque de transmission du VIH et du VHC.

L’étude ANRS AERLI (Accompagnement et éducation aux risques liés à l’injection) menée les Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD) dans 14 villes de France a inclus 240 usagers de drogues par voie intraveineuse : 113 recrutés dans 8 centres ; un groupe témoin de 127 consommateurs comparables en termes d’histoire d’injection de drogues, d’âge et de sexe, a été recruté dans 9 autres centres.« Généralement, il s’agit de personnes très précarisées, voire marginalisées, polyconsommateurs ayant des pratiques à risque », commente Perrine Roux (INSERM U912, Marseille).

Une baisse d’environ 40 % Continuer la lecture

Syrie : La « fabrique » de réfugiés (Médecins du Monde)

Par : Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde, Henry Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d’Histoire Contemporaine du Monde Arabe, Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France

Tribune publiée dans Libération du 27 juin 2014

Avec la crise syrienne, le droit international est durablement bafoué. Les populations civiles ne sont pas protégées, pire encore, elles sont systématiquement prises pour cible. Après  trois ans, cette guerre civile affiche un bilan effarant : 170 000 morts, près de 3 millions de réfugiés, 6 millions de déplacés internes [i].  Dès janvier 2013, le Programme Alimentaire Mondial et les acteurs de terrain constatent que l’aide humanitaire arrive essentiellement dans les zones contrôlées par l’Etat. L’ensemble des organismes internationaux continuent de respecter assez scrupuleusement les accords qui les lient à l’Etat syrien. Un certain nombre de gouvernements occidentaux continuent de refuser de financer des activités dites de cross- border (transfrontalières), là encore en prétextant le respect de la souveraineté syrienne.

Pourtant, les informations  qui nous recevons prouvent que les Syriens sont chaque jour confrontés à l’horreur. Guerre civile sans loi, mise en place d’une terreur d’Etat, bombardements au TNT en barils sur des zones civiles, utilisation d’armes chimiques, sièges de villes pour affamer les populations, professionnels de la santé pris pour cibles … Cette crise conduit à une « épuration »  car une partie de la population est contrainte de chercher un refuge hors du pays. Continuer la lecture