Calais: Soixante-dix CRS en renfort pour gérer l’afflux de migrants

Nouveaux renforts pour les forces de l’ordre à Calais. Selon la Voix du Nord, la préfecture du Pas-de-Calais a annoncé lundi soir l’envoi d’une compagnie de CRS supplémentaires (70 policiers) pour gérer la présence de migrants dans le secteur.

Ces renforts, attendus jeudi sur le terrain, porteront à 270 le total de CRS déployés à Calais, pour un nombre de migrants qui a allégrement dépassé les 2.500, selon la plupart des sources.

Inquiétudes à Calais

Il est cependant peu probable que l’annonce de la préfecture suffise à calmer les vives inquiétudes exprimées la semaine dernière par les associations et ONG (organisations non-gouvernementales).

Calais : Les associations menacent de quitter le terrain des migrants

Un responsable de Médecins du Monde réclamait notamment des « médiateurs » pour apaiser les tensions entre migrants, tandis que de nombreux bénévoles regrettaient l’insuffisance de moyens pour répondre au défi sanitaire posé par une telle concentration de population.

Le docteur Françoise Sivignon, nouvelle présidente de Médecins du monde

Le docteur Françoise Sivignon a été élue présidente du Médecins du monde samedi lors de l’assemblée générale de MdM, a annoncé lundi l’ONG médicale.
Médecin radiologue, le Dr Sivignon a rejoint MdM en 2002 en tant que bénévole, devenant responsable de la mission de réduction des risques infectieux auprès des usagers de drogue et des travailleurs du sexe en Birmanie.

Vice-présidente de l’organisation depuis 2012, elle remplace le docteur Thierry Brigaud.
« Nous devons faire bouger les pratiques et soutenir l’autonomisation des usagers de nos programmes », explique la nouvelle présidente dans un communiqué, « pour qu’ils deviennent les acteurs de leur propre santé et puissent ainsi faire valoir leurs droits. » Elle souhaite également consolider le réseau international de Médecins du Monde et privilégier les partenariats avec les associations locales, « y compris dans les situations d’urgence ».
Ce travail en réseau doit notamment permettre de « bâtir un plaidoyer commun pour revendiquer le droit des femmes à bénéficier de soins de santé sexuelle et reproductive ».

Vidéo de migrants à Calais: « Aujourd’hui il faut utiliser la force pour les déloger »

Jean-François Corty, de Médecin du monde, et Nicolas Comte, du syndicat Unité SGP Police, ont réagi ce mercredi sur RMC à la vidéo montrant des migrants violemment délogés par des CRS alors qu’ils tentaient de monter à bord d’un camion pour l’Angleterre, à Calais.

Coups de pied, usage de bombe lacrymogène, migrants violemment projetés contre la rambarde de sécurité… La vidéo publiée mardi par l’association Calais Migrant Solidarity, qui montre la violence de CRS chargés de déloger des migrants montés à bord de camions de marchandises à Calais, a choqué. Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer a saisi l’inspection générale de la police nationale, et le défenseur des droits s’est auto-saisit.

« La violence ? C’est un ordre donné aux forces de l’ordre »

Cette vidéo n’a pas étonné Jean-François Corty, directeur mission France à Médecin du monde. L’association est présente au quotidien à Calais pour venir en aide aux migrants, en distribuant de l’eau et des kits d’hygiène. « C’est d’une extrême violence, et cela fait des années que nous dénonçons un contexte où la violence est présente au quotidien », a-t-il expliqué ce mercredi chez Jean-Jacques Bourdin. Pour Jean-François Corty, cette violence policière est une décision politique: « C’est un ordre donné aux forces de l’ordre de créer les conditions pour que ces migrants ne se sentent pas bienvenus chez nous ».

« C’est une forme d’utilisation de la violence dans la politique migratoire ».

Pour l’humanitaire, « la réponse, ce n’est pas la violence. Il faut améliorer les conditions d’accueil des migrants ». Jean-François Corty tire le signal d’alarme: « La situation à Calais est dramatique, c’est une bombe à retardement. En France, il y a près de 50.000 demandes d’asile pour 20.000 places dans les centre d’accueil, donc on a 30.000 personnes qui dorment dehors. Des gens qui ont faim, qui ont soif, à qui on explique qu’ils ne sont pas forcément les bienvenus et à qui on complique (le transit) vers un autre pays où ils seraient mieux accueillis ».

« Calais, c’est très difficile pour les policiers »

Interrogé lui aussi sur cette violence policière par Jean-Jacques Bourdin, Nicolas Comte, secrétaire national Unité SGP Police, a tenu à rappeler que « Calais, c’est très difficile pour les policiers ».

« A Calais, la situation est totalement hors de contrôle et on demande aux policiers tant bien que mal de gérer tout ça ».

« On a certaines nuits 300 migrants qui prennent d’assaut les camions pour passer en Angleterre, et on demande à nos collègues de les déloger des camions, détaille-t-il. Il y a quelques années, les migrants quand ils étaient pris sortaient de bonne grâce, mais aujourd’hui il faut utiliser la force physique pour les déloger, et à partir du moment où la situation est hors de contrôle, forcément c’est extrêmement compliqué pour nos collègues de réaliser ces missions-là ». Pour Nicolas Comte, « on ne peut pas plonger les policiers face à toutes ces difficultés et leur taper dessus, sans jeu de mot, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui se passe ».

Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde raconte l’horreur de la crise humanitaire en Syrie et l’urgence pour la communauté internationale d’y répondre.

En 2013, j’avais pu rejoindre, avant Noël, le nord de la Syrie pour inaugurer un centre mère-enfant. Au milieu de l’effroi de la guerre civile, il restait un espace tenu qui permettait aux humanitaires internationaux d’accompagner et de soutenir les efforts des Syriens qui luttaient contre la guerre, des Syriens qui faisaient le pari de la solidarité.

Déjà, les témoignages entendus nous glaçaient le sang : torture, disparitions forcées, bombardements de populations civiles… En 2014, le professeur Henry Laurens, du Collège de France, introduisait dans nos débats la notion de « fabrique de réfugiés » à propos du conflit syrien. Quatre ans après le début du conflit, les témoignages de nos équipes qui travaillent en Syrie confirment que cette fabrique tourne toujours à plein régime. Continuer la lecture

Au Népal, comment organiser l’aide humanitaire en plein « chaos » ?

Des dizaines de milliers de Népalais choqués et sans logement qui patientent sous des tentes de fortune dans l’attente de secouristes : c’est la situation de « chaos » et de « crise humanitaire majeure » que décrivent les ONG sur place, alors que l’ancien royaume himalayen a été ravagé par un violent séisme, samedi 25 avril, qui a fait plus de 4 000 morts et 7 900 blessés.

Lire notre reportage : Terreur et chaos dans les décombres de Katmandou

« Le Népal est habitué aux tremblements de terre, mais cette fois, avec une secousse de cette magnitude [7,8], et les nombreuses et fortes répliques qui ont suivi, les habitants sont à la rue, entre les uns qui ont peur de retourner chez eux et les autres qui ont perdu leur maison, témoigne Alain Lapierre, responsable des urgences pour l’ONG Care au Népal, arrivé sur place samedi midi depuis la Thaïlande. Leurs conditions de vie sont très difficiles, en plus du traumatisme et des pertes de proches. Beaucoup tentent de quitter Katmandou. »

Lire aussi : Le Népal, terre de préoccupantes menaces sismiques

Mais selon l’ONG, qui dispose de quatre bureaux dans le pays, la situation est pire encore à l’extérieur de la capitale, dans des villes comme Pokhara, Gorkha ou Lamjung, très proches de l’épicentre du séisme. « Les survols en hélicoptère ont montré que la plupart des maisons y étaient effondrées, précise le chargé de mission. Mais ces régions sont très difficiles d’accès car les routes, déjà en mauvais état, sont détruites. L’arrivée des secours est lente ou inexistante et l’on ne connaît pas encore précisément l’ampleur des dégâts. »

 

 

image: http://s2.lemde.fr/image2x/2015/04/27/534×0/4623136_5_2281_carte-de-situation-de-l-epicentre-du-seisme_0f74a881575a0bea3816f7f127608df8.pngCarte de situation de l'épicentre du séisme au Népal.
Carte de situation de l’épicentre du séisme au Népal. Infographie « Le Monde »
 

 

 

Kits chirurgicaux

Comme Care, et ses 150 employés locaux, plusieurs ONG françaises disposent d’équipes à pied d’œuvre depuis samedi, immédiatement mobilisées et au fait du terrain dans la mesure où elles étaient déjà présentes dans le pays pour mener des actions de long terme. Médecins du monde comptait ainsi une vingtaine d’employés dans la ville de Chautara, à 50 km à l’est de Katmandou, dans le cadre d’un programme de santé maternelle et infantile. « Ils ont pu donner les premiers soins, s’occuper des blessures les plus légères. Et surtout évaluer les besoins et les structures restées debout sur lesquelles s’appuyer. Mais la plupart des hôpitaux sont détruits, et les centres de soins restants débordés », explique Gérard Pascal, chirurgien de l’ONG, chargé des situations d’urgence et des crises internationales. Continuer la lecture

Népal: « l’urgence, c’est les 72 premières heures » explique Médecins du Monde

Après le brutal séisme au Népal samedi, « l’urgence c’est les 72 premières heures » pour soigner les milliers de rescapés, explique à l’AFP Gilbert Potier, directeur des opérations internationales de Médecins du Monde qui, comme des dizaines d’autres ONG, déploie des moyens de secours.
« Tout le monde sait que c’est dans les 72 premières heures qu’on a le plus besoin de nous (.

..), qu’on est le plus efficaces sur les traumatismes, les fractures, les écrasements des gens qui ont été ensevelis », déclare Gilbert Potier.
Une équipe de douze personnes (chirurgiens, anesthésistes, infirmières et logisticiens) de Médecins du Monde, en partenariat avec Solidarités international, qui prendra en charge l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, décolle lundi pour le Népal.
Vont également être envoyées 20 tonnes de matériel, deux cliniques mobiles capables de recevoir chacune un millier de patients pour des opérations chirurgicales, et deux autres capables de prendre en charge chacune 10.000 personnes pour des soins de médecine courante.
Les Népalais « font face à un afflux de blessés auquel ils ne sont pas habitués et si les structures de santé sont détruites, ils vont être débordés », anticipe M. Potier.
« Ce qu’on va les aider à faire c’est le tri entre les moins blessés et les plus blessés », explique l’humanitaire, qui rappelle que « des gens sont encore sous les décombres » et que d’autres continuent à être blessés par des chutes de murs, de pierres, provoquées par les nombreuses répliques du séisme. Le bilan pourrait s’alourdir si la situation sanitaire se dégrade en raison d’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture, aux soins.
– Une catastrophe anticipée – Continuer la lecture